Marina Orsini est entrée dans le coeur du public en incarnant le personnage de Suzie Lambert dans Lance et compte à 19 ans. À 50 ans, elle est toujours une valeur sûre - et rassurante - avec une présence quotidienne au petit écran et maintenant Deuxième chance, série documentaire qu'elle coanime avec Patrick Lagacé. Portrait d'une femme que tout le monde voudrait avoir pour amie.

La relation que Marina Orsini entretient avec le public va bien au-delà de la simple appréciation de son talent de comédienne ou d'animatrice. C'est de l'ordre du coup de foudre et de l'adoption totale. Un attachement spontané qui remonte à son apparition en Suzie Lambert dans la première série «lourde» du Québec, Lance et compte, alors qu'elle n'avait que 19 ans, et qui s'est profondément fixé par la suite avec l'inoubliable rôle d'Émilie Bordeleau dans Les filles de Caleb.

Elle aura des rôles marquants dans sa carrière - notamment Shehaweh, Lucille Teasdale et l'éternelle Suzie Lambert, un personnage qu'elle a porté pendant trois décennies dans les suites de Lance et compte - mais, depuis une dizaine d'années, c'est en tant qu'elle-même que Marina Orsini a conservé et même intensifié l'affection que le public lui porte. 

Elle l'a fait au fil des années de radio, puis à travers la quotidienne qui porte son nom à la télévision de Radio-Canada. Et voilà qu'arrive cette nouvelle émission, Deuxième chance, qu'elle coanime avec Patrick Lagacé, qui promet beaucoup et qui est parfaitement dans ses cordes.

«Je le dis tout le temps: les gens sentent que je les aime, dit-elle pour expliquer ce lien indéfectible avec ses fans. L'humain m'intéresse. Ça se reflète dans mon travail. Je considère qu'il faut aimer le monde pour faire de la radio. Ça se sent, ça. Ça ne s'invente pas, ça ne se simule pas.»

«Tu ne peux pas mentir à la radio. J'aime les gens authentiques; je n'aime pas les fausses relations, la superficialité. Je pense que les gens l'ont toujours senti. C'est une relation vraie.»

Avec Marina, on peut dire que «what you see is what you get». Selon des pros qui en ont vu d'autres, le plateau de sa quotidienne matinale est l'un des plus zens et des plus chaleureux. Elle est à la télé comme elle est dans la vie.

«Des fois, j'oublie que je fais de la télé, avoue-t-elle en riant, ajoutant qu'elle s'est tout à fait reconnue dans la caricature qu'on a faite d'elle dans un Bye bye. Je me retrouve dans des situations, je ris trop fort, je parle trop fort et je me dis: "Mon Dieu, calme-toi!" Mais en même temps, c'est ce qu'on me demande. Je suis comme ça, ça ne changera certainement pas et, en plus, on me paye pour ça!»

Toujours sur son «X»

Marina Orsini n'est pas devenue animatrice parce que le téléphone ne sonnait plus pour la comédienne. C'est un désir et un choix conscient.

«J'ai besoin d'être là dans ma vie. Je resterai toujours une actrice. J'adore interpréter des personnages, c'est un exutoire extraordinaire, mais j'avais besoin de parler en mon nom. Je suis curieuse, j'ai une grande gueule, la vie m'intéresse, j'aime apprendre. Derrière le micro ou dans une émission qui s'appelle Marina, c'est moi dans tout ce que je suis. Tu m'aurais demandé à 25 ans si je voulais faire de la radio et j'aurais dit non. C'est arrivé à un moment de ma vie où je le souhaitais.»

«Je dirais qu'au centre de tout, j'ai eu le privilège de pouvoir choisir. J'ai toujours été là où je voulais être. Peut-être pas aux yeux des autres, mais pour moi. C'est un immense cadeau.»

Deuxième chance est aussi un cadeau. Elle a sauté à pieds joints dans le projet quand elle a compris qu'il ne s'agissait pas d'une téléréalité carburant au voyeurisme. Cette fois, ce qui la touche, c'est qu'elle entre vraiment dans l'intimité de gens qui tentent de retrouver des personnes à qui ils ont besoin de dire merci ou pardon.

«Nous faisons le lien entre deux personnes et, pour certains, ça va changer leur vie: ils ont besoin de ça pour mieux continuer. C'est une grande responsabilité et ça te fait automatiquement penser à ta propre humanité. Ce n'est pas nous, les vedettes, ce sont vraiment les gens de ces histoires.»

Les deuxièmes chances

A-t-elle eu elle-même des «deuxièmes chances» dans la vie? L'animatrice réfléchit plus longuement à la question. «Je pense à quand je me suis séparée il y a dix ans, répond celle qui a déjà été en couple avec Serge Postigo. Ça aurait pu être un drame, ça l'a été, mais on s'est donné une deuxième chance en faisant bien cela, en protégeant ce qui restait, c'est-à-dire un enfant, qui est la chose la plus importante.

«On ne fait pas des enfants pour se séparer. Mais comme j'ai une très bonne relation avec le père de mon fils, c'est pour toujours, quelque part. J'essaie pas mal de régler mes affaires au fur et à mesure dans ma vie. J'ai besoin de ça pour bien avancer. Il faut se donner une deuxième chance dans tout: nos familles, nos amitiés, nos amours. Quand on fait de la place, il y a autre chose qui peut arriver.»

Cela fait neuf ans qu'elle est dans une relation avec Charles Benoit. Cela fascine les gens qu'elle ne vive pas avec son amoureux, mais, pour Marina Orsini, il faut oser se réinventer, refuser les modèles et les habitudes qui tuent l'amour.

«Dans ma vie personnelle, je me mettais parfois à l'écart pour laisser la place à l'autre. Mais avec l'âge, je me suis rendu compte que je n'avais pas à faire ça. Ma vie, c'est ma vie. Ma carrière, je dois l'honorer, et je dois être avec quelqu'un qui doit honorer ça aussi, pour qui ce ne sera pas une menace. Ça fait partie de grandir.»

«Une phrase m'a toujours guidée: "Fais-le avec ton coeur, tu ne peux pas te tromper." C'est ce qui fait que j'aime les gens, et tout ce que j'ai fait dans ma carrière. Ça me vient de mes parents, de ma famille, des gens de coeur. Tout est là, c'est ce qui est vrai. Tu as beau avoir lu tous les livres de la Terre, être plein de diplômes, si tu n'as pas de coeur, pour moi, ça ne vaut rien.»

___________________________________________________________________________

Deuxième chance, les samedis à 20 h, à ICI Radio-Canada Télé.

Marina Orsini, du lundi au jeudi à 9 h 30, à ICI Radio-Canada Télé