Un homme témoigne devant un policier. Il affirme avoir perdu la trace d'un jeune enfant et ne plus savoir où il se trouve. Toutefois, cet homme ment: il est en fait le meurtrier. Sauriez-vous le reconnaître?

Dans la nouvelle série documentaire Body Language, qui débute vendredi prochain sur Canal D, les téléspectateurs sont plongés au coeur d'enquêtes policières québécoises où des criminels, tous bons menteurs, finissent par passer aux aveux, incapables de faire taire leur langage non verbal.

Meurtre, complot d'enlèvement ou infanticide: les sujets abordés, souvent violents, sont tous tirés d'histoires vraies. Au fil des six épisodes de la série, des spécialistes en interrogatoires et des psychologues judiciaires décortiquent minutieusement des reconstitutions dramatiques où l'on voit les sujets analysés dans leurs moindres tics.

«Et tout ceci est fidèle à la réalité, promet la productrice et scénariste Renée Claude Riendeau. Nous avons eu accès à des vidéos d'interrogatoires qui ont été présentées en preuve lors de procès. Par la suite, nous avons sélectionné avec nos experts les moments les plus révélateurs. Pour nos acteurs, ce fut une expérience difficile. On recommençait parfois les scènes plus de dix fois.»

Dans le premier épisode, d'une durée d'environ une heure, on explique comment le meurtrier et pédophile Mario Bastien, qui a assassiné en août 2000 le jeune Alexandre Livernoche, 13 ans, a tenté de berner la police sur son implication dans la disparition de l'enfant.

Les scènes de l'interrogatoire, dont le rôle de l'enquêteur est assuré par le comédien Henri Chassé, qui joue présentement le personnage du rédacteur en chef Gilbert Lagacé dans Nouvelle adresse à Radio-Canada, sont entrecoupées d'analyses d'experts qui pointent vers les réactions des suspects trahissant leur culpabilité.

«Les techniques des enquêteurs ne sont pas ce que l'on voit au petit et au grand écran. Dans la vraie vie, ils restent souvent calmes. Si les menteurs savent quoi dire, ils ne savent pas comment le dire. C'est ainsi qu'on les piège», explique à La Presse Joe Navarro, un Américain d'origine cubaine qui a travaillé pendant 23 ans comme agent du contre-espionnage notamment à Phoenix, à New York et au Brésil pour le Federal Bureau of Investigation (FBI).

Quand Bastien hausse le ton, questionné par l'enquêteur, son agressivité démontre qu'il tente d'intimider son interlocuteur: un premier signe de culpabilité. À un autre moment, une personne raconte sa version des faits aux enquêteurs sans détourner le regard: un deuxième signal que quelque chose ne tourne pas rond.

Pour la productrice Renée Claude Riendeau, il ne fait pas de doute que les amoureux des affaires judiciaires et ceux qui «veulent savoir si [nos] enfants ou notre conjoint nous mentent» voudront suivre sa série, où l'on apprend à mieux observer.Mais attention, prévient tout de même M. Saint-Yves. «Le corps dit beaucoup de choses, on dit beaucoup de choses sur le corps, mais il y a peu de choses que l'on sait vraiment. On ne détecte pas les mensonges, on détecte l'anxiété. Aujourd'hui, décortiquer le comportement non verbal n'est plus un art, mais une science», conclut-il.

Cinq signes qui ne mentent pas

Bouche: La vitesse à laquelle une personne mâche de la gomme peut-elle indiquer si elle ment? Peut-être, car cela représente un signe de stress. Dans ces situations, la bouche trahit souvent les anxieux. Si la personne se pince les lèvres avec ses dents, c'est qu'elle ne se sent pas bien.

Cou: Quand les femmes mentent, expliquent les experts, elles ont souvent tendance à pousser leurs cheveux vers l'arrière, afin de se ventiler. Chez les hommes, c'est plutôt le collet de la chemise ou du veston qu'il faut surveiller. S'il commence à le déranger soudainement, c'est un signe qu'il y a quelque chose qui ne va pas.

Épaules: Un enquêteur qui annonce pour la première fois à un suspect les accusations dont il est soupçonné être le coupable doit garder un oeil attentif aux épaules. Si, pendant sa réponse, la personne hausse ses épaules tout en niant les faits, ce geste pourrait être un signe qu'elle ment.

Mains: Quand une personne se sent menacée, elle serre souvent le poing et cache ses pouces derrière ses doigts. Or, cela n'est pas annonciateur de violence, expliquent les experts. Il s'agit plutôt d'un signe que la personne traverse un bouleversement émotionnel et donc qu'elle ne dit peut-être pas toute la vérité.

Cuisses: Tenir une un sac sur ses cuisses lorsqu'on est confronté à des accusations est une façon utilisée par certains suspects pour se réconforter. «Ça agit comme une doudou pour un enfant», explique-t-on. Ainsi vaut-il mieux enlever cet objet, qui peut démontrer que la personne est réticente à collaborer.

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La série documentaire Body Language sera diffusée dès le 7 novembre les vendredis à 21 h sur Canal D.