Ils seront 10, demain soir, dès 20h, à TVA, à vivre leur baptême du Gala Artis, à avoir les mains moites, à trembler du genou, à s'imaginer gagner ou perdre, à se lever pour remercier ou à rester plutôt assis. Mais chacun sait que c'est son nom qu'ont prononcé plusieurs personnes sondées, suffisamment pour qu'il soit au tableau des nominations. À la veille du gala, animé par Mario Tessier, nous avons parlé à cinq d'entre eux, de même qu'à Martin Matte, qui accède à la catégorie de la personnalité masculine.





Marie-Thérèse Fortin

Tout le monde voudrait obtenir un rendez-vous avec Claire Hamelin, la docteure rassurante et patiente jouée par Marie-Thérèse Fortin dans Mémoires vives. « Elle incarne tout ce que les gens attendent d'un médecin», confie la comédienne, qui pourrait ajouter un premier trophée Artis à ses quatre Gémeaux.

Régulièrement, les fans de Mémoires vives la bombardent de questions sur la suite. «C'est très amusant, ils me demandent si Laurie est encore vivante et s'inquiètent pour le couple de Claire et Christian. Il y a des choses que je sais, mais beaucoup de choses que je ne sais pas. Ils sont très attachés aux personnages.»

Aux personnages, mais aussi à Marie-Thérèse Fortin, dont il suffit de prononcer le nom pour que les visages s'illuminent. Et pourtant, l'actrice qui compte 32 ans de métier croyait fermement que le gala Artis lui était inaccessible.

«Inconsciemment, je me disais que je n'étais pas dans cette talle-là, que c'était réservé aux autres. Et je ne pourrais pas expliquer pourquoi. Quand j'ai réalisé que ça venait du public, ça m'a secouée.»

Secouée, elle l'est aussi mais plus négativement quand on aborde la question des compressions à Radio-Canada. «Il va falloir se lever pour défendre cette institution. Ce qui est en train de se produire est insidieux. Ce qu'on réduit, c'est la qualité. Et quand une oeuvre n'a plus de qualité, on ne la regarde plus », confie-t-elle.

En plus de Mémoires vives sera de retour à l'automne, Marie-Thérèse Fortin tourne actuellement dans le film de Bernard Émond Katia, journal d'un vieil homme. Après quoi elle prendra une pause de théâtre d'un an pour concrétiser des projets qui lui sont chers.

Martin Matte

Il a déjà été en nomination à quatre reprises ; il a même gagné un trophée Artis à l'époque de Caméra Café. Mais il accède cette fois-ci à la catégorie suprême : celle de la personnalité masculine. Et pour sa première série bien à lui.

«Ça m'horripilait quand on me disait qu'on ne pouvait pas dire telle chose à la télé. Moi, c'est justement le genre de choses que je veux voir à la télé », raconte Martin Matte au sujet de ses Beaux malaises, un des gros succès de l'hiver à TVA.

Il admet que les premières lectures ont fait sourciller la direction de TVA, notamment cette scène où il simulait un acte pédophile. «Mais ils sont toujours restés ouverts et ils m'ont donné carte blanche.»

L'épisode dont on lui a parlé le plus? «Le dernier, sur le sexe des personnes handicapées. Après chaque épisode, je recevais environ 500 à 600 messages le soir même. Après celui-là, j'en ai reçu 7000. Il se passe quelque chose quand on mêle le drame à l'humour.»

La réplique qu'on lui a citée le plus souvent ? «C'est trop pour moi, c'est trop pour moi ! », que criait pendant l'acte sexuel la dernière conquête du personnage de Patrice Robitaille jouée par Geneviève Schmidt. « Elle s'en est fait parler beaucoup. Lorsqu'elle est entrée dans son marché d'alimentation un jour, tous les employés portaient un chandail portant l'inscription " C'est trop pour moi ! " Ce n'est pas impossible que son personnage soit de retour. Alexis Martin pourrait revenir aussi.»

Parce que suite il y aura avec 12 épisodes plutôt que 10, dont un qui s'intitulera Scandale. «Les artistes que nous sommes peuvent facilement être mêlés à un scandale médiatique immense, mais qui peut partir d'un détail tellement ridicule !»

Martin Matte n'a cessé de recevoir des témoignages tout au long de la série. Mais le plus inusité est probablement celui d'une dame qui riait tellement qu'elle est tombée et s'est cassé les dents sur une table. «Elle nous a envoyé une photo pour le prouver !» Parlez-moi d'un beau malaise.

Photo La Presse, Ivanoh Demers

Martin Matte

Marie-Claude Barrette et Mario Dumont

Ils pensaient chacun de leur côté que c'est l'autre qui décrocherait un jour une nomination. Marie-Claude Barrette et Mario Dumont sont finalement nommés tous les deux au gala Artis pour la première fois.

«Ça ne m'avait jamais effleuré l'esprit parce que mon travail est de mettre les autres en valeur. Je ne suis pas une personne qui doute tant que ça, mais c'est comme la confirmation officielle que je suis à ma place», nous a confié Marie-Claude Barrette.

Pour la 15e année de Deux filles le matin à TVA l'automne prochain, on change de formule : l'animatrice recevra une nouvelle coanimatrice chaque semaine. «J'aimerais ramener celles qui ont fait le succès de Deux filles au fil des années. On s'est un peu moqués du fait que les filles changeaient souvent, mais c'est ce qui a renouvelé la formule.»

C'est donc la fin du duo qu'elle formait avec Annie- Soleil Proteau, avec qui elle dit n'avoir eu aucune mésentente. En plus de Deux filles le matin, Marie- Claude Barrette animera trois émissions de Simplement vedette à Canal Vie à la fin de l'été.

Mario Dumont sort heureux d'une campagne et d'une soirée électorale fort mouvementées. «Comme pour un commentateur de sport, ce sont les soirs de match qui comptent le plus. J'ai l'avantage de ne pas être nerveux ou stressé dans la vie, je suis heureux dans ces moments-là », nous a confié celui qui sera de retour à la barre de Mario Dumont cet automne à LCN et à TVA.

Il a su assez vite qu'il resterait longtemps à la télé et à la radio. Son passage à TVA en 2012 a été déterminant. «J'arrivais de V, où j'étais seul de ma gang, et j'allais dans un réseau, associé à une salle de nouvelles et une présence régionale.» Son arrivée à l'émission matinale de Paul Arcand, un homme qu'il admire, au 98,5, a aussi été marquante pour lui.

Il y a toujours une première fois. Pour dimanche, Marie-Claude Barrette s'est initiée au magasinage sur l'internet en commandant quatre robes, pour finalement garder sa préférée. Quant à Mario Dumont, il a opté pour un costume sur mesure, ce qu'il n'avait jamais fait de toute sa carrière politique. «J'arrive d'un autre monde, je ne me voyais pas dans cet univers de galas », admet l'ancien chef de l'ADQ.

PHOTO FRANOIS ROY/ ARCHIVES LA PRESSE

Mario Dumont et Marie-Claude Barrette 

Martin Petit

Le réjouissant succès des Pêcheurs sur ICI Radio-Canada Télé l'automne dernier aurait pu rassurer son auteur et interprète principal, Martin Petit. Mais il a plutôt eu l'effet contraire. « J'étais très nerveux, je me suis laissé intimider par le succès de la série. Quand est venu le temps d'écrire, j'avais de la difficulté à me concentrer sur la deuxième saison, et j'ai eu cette angoisse durant quelques semaines », confie l'humoriste.

La confiance est revenue et Martin Petit a terminé 90% des textes de la prochaine saison, prévue pour l'automne, dont un épisode écrit pour son ami Patrick Huard, qu'il connaît depuis l'âge de 17 ans. En plus de Rachid Badouri et Peter MacLeod, qui s'ajoutent à la liste des humoristes, on retrouvera le duo constitué d'Alex Perron et Jean-François Mercier, de même que Claude Meunier et Marc Messier. « Sans m'en rendre compte, je les entends quand j'écris pour eux. Ils ont tous développé une musique très personnelle, et c'est ce qui fait que la magie opère. Je recrée cette complicité qu'on a quand on se retrouve ensemble.»

Bien sûr, l'équipe retournera au même chalet «un casting parfait », selon Petit, à Bolton-Est, en Estrie. «On voulait donner l'impression que c'était à Saint-Micheldes-Saints, sans les mouches. Ça nous évite un mois de tournage de plus!»

Sa conjointe et agente, Daphné L'Heureux, a toujours cru au potentiel d'une série télé inspirée de sketchs que faisait Martin sur scène, et elle ne s'est pas trompée: l'humoriste décroche sa première nomination au gala Artis, dans la catégorie Rôle masculin, comédies québécoises. Quand tu fais du ski et que les gens te font des jokes de pêcheurs dans le remonte-pente, c'est bon signe!» relate l'humoriste, amusé.

Après s'être déguisé en Jedi lors d'un gala de l'ADISQ, Martin Petit n'a pas envie de faire honte à sa blonde dimanche soir. «Je suis allé au bout de mes fantasmes de m'habiller tout croche dans les galas. Je vais la jouer sobre. Peut-être des culottes avec des motifs d'hameçons.»

Photothèque Le Soleil

Martin Petit

François Létourneau

En imaginant François Létourneau monter pour chercher un trophée Artis, on repense à cette scène délirante de Série noire, où l'unique Marc Arcand s'empare du micro au gala de la publicité avant de s'enfuir avec Denis, Patrick et leur productrice sans un mot.

Les deux auteurs de Série noire, François Létourneau et Jean-François Rivard, savaient en cours d'écriture que le personnage de Marc Arcand risquait de sortir du lot. «Un peu comme Lyne-la-pas-fine dans Les invincibles, Marc, c'était notre Lyne», reconnaît François Létourneau, en nomination dans la catégorie Rôle masculin, téléséries québécoises.

François Létourneau avait peine à y croire quand Guy Jodoin lui a annoncé sa nomination pour son rôle de Denis Rondeau. «Il y a encore une partie de moi qui pense que c'est une erreur! Ça montre qu'il y a du monde qui a écouté Série noire. Ça nous a un peu découragés, Jean-François et moi, qu'on parle autant des cotes d'écoute. Il y a à peu près un demi-million de personnes qui ont regardé Série noire, c'est quand même du monde.»

L'acteur, qui terminait l'écriture du deuxième épisode d'une potentielle seconde saison au moment de l'entrevue, ignore toujours s'il y aura une suite, réclamée farouchement par les fidèles de la série. «Les mauvaises langues diront que j'habite le Plateau Mont-Royal, mais je ne me suis jamais fait parler autant dans la rue.»

Et s'il y a une suite, il prévient que «la dernière scène de la saison 1 sera la première scène de la saison 2». Réponse en mai, en même temps que la confirmation du financement du film Paul à Québec, dans lequel il jouerait le rôle-titre.

François Létourneau trouve très sain qu'on s'interroge sur le mandat de Radio- Canada, un diffuseur qui n'a jamais cessé d'encourager le tandem d'auteurs malgré les faibles cotes d'écoute. «Série noire n'aurait jamais pu voir le jour ailleurs qu'à Radio- Canada; Vincent-Guillaume et moi ne sommes pas des super-vedettes. Moi, toute cette réflexion m'intéresse.»

Photo André Pichette, archives La Presse

François Létourneau