«Être Chinois au Québec, il y a encore des barrières. Apprendre le français, ça aide. Mais ce n'est pas suffisant.»

Winston Chan est un enfant de la loi 101. Fils d'immigrants chinois, né au Québec, ce jeune chiropraticien a fait toute sa scolarité en français. Son «intégration» est si réussie, qu'il est même devenu membre du Conseil de la langue française. À cheval entre deux cultures, il se considère à la fois Chinois et Québécois, sans être tout à fait l'un ou l'autre.

Son cas n'est pas unique. Comme Winston Chan, beaucoup de jeunes Sino-Québécois jonglent actuellement avec leur double identité. Certains ont leur famille ici depuis quatre générations. D'autres sont d'immigration plus récente. Tous se questionnent sur leur place dans notre société «tricotée serrée». Et se demandent ce qu'il leur faudra pour en être à part entière.

Présenté ce soir au Centre culturel chinois, le documentaire Être chinois au Québec donne la parole cette nouvelle génération un peu mêlée.

Réalisé par Malcom Guy et William Ging Wee Dere (La montagne d'or) ce road movie identitaire suit deux jeunes Québécois d'origine chinoise, qui remontent le fil de la présence chinoise au Québec. Occasion de revenir sur des épisodes peu glorieux de l'histoire canadienne et de comprendre pourquoi la communauté chinoise, victime de politiques d'immigration honteuses (Taxe d'entrée et loi d'exclusion des Chinois) s'est longtemps sentie en marge de notre société.

Les excuses offcielles du gouvernement canadien, en 2006, ont permis de guérir les plaies. Les jeunes Sino-Canadiens ne portent plus le poids du passé. Une nouvelle immigration chinoise, plus éduquée, immigrant par choix et non par nécessité, a renouvelé l'âme de la communauté. De plus, la méfiance des Québécois a diminué. Alors que l'intérêt grandit pour la Chine, les perceptions changent.

Malgré tout, il y a encore du chemin à faire, croit Malcom Guy. «Il y a plus d'ouverture, mais toujours un manque de compréhension des deux côtés», lance le cinéaste. «Ces gens cherchent leur identité dans une province qui cherche son identité.»

À tort ou à raison, la communauté chinoise est encore très tournée vers l'anglais. Dans le webdoc Brossard Chinatown, «cliquable» depuis une semaine sur le site de Radio-Canada, certains Sino-Québécois avouent pouvoir très bien se passer du français. Rien pour aider l'intégration, admet le réalisateur Simon Coutu.

Mais attention aux jugements hâtifs: «On dit souvent qu'ils sont fermés sur eux-mêmes. Mais nous, est-ce qu'on est vraiment intéressés à parler à ces gens-là?» lance M. Coutu.

«Clair que la nouvelle génération a la responsabilité de s'intégrer, renchérit Winston Chan. Mais les francophones ont aussi leur rôle à jouer. S'ils ne nous acceptent pas dans leurs réseaux sociaux, ça ne marchera pas. Ces affaires-là, ça se danse à deux...»

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Être Chinois au Québec, de Malcom Guy et William Ging Wee Dere ce soir 19h au Centre culturel Chinois (1088, rue Clark).

Brossard Chinatown: https://blogues.radio-canada.ca/rive-sud/brossard-chinatown/