Shameless, irrévérencieuse émission créée par l'Anglais Paul Abott, qui en est à sa neuvième saison dans son format original, vient de traverser l'Atlantique grâce à une adaptation de John Wells. Difficile de dire si elle aura la vie aussi longue ici, mais chose certaine, la première saison (12 épisodes en anglais ou en français) est des plus prometteuses. Les amateurs des Bougon s'y sentiront d'ailleurs en territoire «ami».

À la tête de cette famille qui vit dans un quartier pauvre de Chicago, le pitoyable Frank, incarné par le formidable William H. Macy. Il est toujours ivre mort. S'il était un peu plus mort, il ferait moins de dégâts. Mais en l'absence de ce type sans scrupule qui ne fait aucun cas de ses enfants, la série n'irait pas aussi loin dans l'humour noir et le rire jaune.

Parlant de ses enfants, ils sont six: Fiona, 21 ans, qui tient la famille à bout de bras; Phillip, 17 ans, d'une intelligence remarquable qu'il sait mettre à profit; Ian, 16 ans, qui entretient une liaison avec un propriétaire de dépanneur; Debbie, 11 ans, petite fille au (trop) grand coeur; Carl, 10 ans, qui recueille des animaux... pour les tuer; et bébé Liam, aussi noir que sa famille est blanche.

Autour d'eux, le couple de voisins très porté sur le sexe; une famille dont la mère est agoraphobe et la fille adolescente, d'une nymphomanie particulière; un jeune homme qui s'intéresse à Fiona mais cache plus de choses qu'il en dévoile. Et c'est beaucoup dire, la nudité n'étant pas taboue dans Shameless. Qui, quand on y pense bien, ne compte aucun tabou... comme le prouve le dernier épisode.

En fait, on se demande, après cette demi-heure-là, pourquoi on continue à s'intéresser aux Ghallager et à ne pas vomir cet horrible Frank. Pourquoi? Parce que c'est formidablement écrit et interprété. Et parce que, comprend-on, ce sont les coups foireux du patriarche qui, au bout du compte, servent de ciment à cette cellule familiale bien particulière.

Ce serait moins bien fait, on n'y croirait pas. Ici, on adopte.

SHAMELESS 1

Réalisée par John Wells à partir de la série créée par Paul Abbott. Avec William H. Macy, Emmy Rossum, Justin Chatwin, Ethan Cutkosky.

***1/2