Au moins trois biographies ont jusqu'à maintenant été consacrées au grand argentier de la Forumle 1, Bernie Ecclestone. Mais le tout premier documentaire, lui, sera québécois. Et on pourra le voir ce soir à la télévision de Radio-Canada. Réalisé par Mathieu Roy, Ecclestone: la vérité du pouvoir sera présenté ce soir à 21h dans le cadre de l'émission Zone Doc. Le documentaire sera aussi présenté dimanche à 18h sur les ondes de RDI.

«C'est le premier documentaire qui est fait sur Ecclestone et je dois dire que mes producteurs en sont plutôt fiers, lance le réalisateur en entrevue à La Presse. Oui, le film passe en première mondiale à Radio-Canada (partenaire dans le montage financier), mais de 15 à 25 pays attendent le DVD. Nous préparons les versions internationales.»

Le film trace un portrait de l'homme qui, comme chacun le sait, est riche, puissant et très controversé. L'an dernier, au Grand Prix de Formule 1 de Montréal, Ecclestone avait accordé une entrevue de 25 minutes à Roy dans les paddocks du circuit Gilles-Villeneuve de l'île Notre-Dame. Les deux hommes avaient convenu de réaliser une seconde entrevue, mais celle-ci ne s'est jamais concrétisée. «Il avait d'autres chats à fouetter», résume Mathieu Roy qui a déjà signé des documentaires sur Louis Lortie et le cinéaste François Girard en plus d'avoir travaillé avec Martin Scorsese.

Outre Ecclestone, le réalisateur a interviewé les champions de F1 Jackie Stewart et Damon Hill, ainsi que Max Mosley, Michael Fortier, Réjean Tremblay, Christian Tortora et deux de ses biographes. «C'est la crème de la crème, les témoins de son histoire», dit-il.

Sur la grille de départ, Roy se qualifiait de Montréalais sceptique et voyait dans Ecclestone un financier aux dents longues. «Montréal avait perdu son Grand Prix en 2009. J'étais biaisé», dit-il. Mais au fil d'arrivée, son opinion est plus nuancée. «Ecclestone m'est apparu plutôt sympathique. Il carbure à l'adversité. Sa vie, c'est un pan de l'histoire capitaliste.»

Selon Roy, le génie et le travail ont peut-être rendu Ecclestone riche, mais c'est aussi le cas de bien des gens gravitant autour de son organisation. «Lorsqu'il est arrivé dans le monde de la F1, dans les années 70, c'était un sport de gentleman plutôt désorganisé. Il en a fait un business milliardaire. Parmi bien d'autres choses, il a vu par exemple le potentiel de la télédiffusion de tous les Grands Prix comme source de revenus.»

Outre l'interview d'Ecclestone en juin 2010, le tournage s'est échelonné d'octobre 2010 à avril 2011. Roy s'est rendu à Londres, en Belgique, en France et à Monaco. Son travail est complété par des images d'archives.

Fait pour la télévision, le documentaire Ecclestone: la vérité du pouvoir dure 52 minutes. C'est court pour faire le tour d'une vie telle celle de l'empereur de la F1. Mathieu Roy en est conscient. C'est pour cela qu'il songe à une suite. «Retracer toute l'histoire financière d'Ecclestone serait fascinant, dit-il. Nous sommes en discussions sur le sujet.»