Produite à Montréal, la websérie Heroes of the North semble promise à un certain avenir international. Mais au Québec, le secret reste bien gardé... Parlez-en à Christian Viel, fondateur des productions Movie Seals, créateurs de la websérie Heroes of the North.

En 20 ans, cette boîte de production montréalaise spécialisée en cinéma de genre a réalisé huit longs métrages et une cinquantaine de courts métrages d'horreur et de science-fiction. Avec des budgets oscillant entre 60 000 et 500 000 $, ses films sont nettement plus près de la série B que des superproductions hollywoodiennes. Mais ils ont quand même été vendus à plusieurs chaînes de télé spécialisées, en Angleterre, au Japon, en Italie, en Russie, en République tchèque et aux États-Unis, en plus de faire leur chemin dans les clubs vidéo du monde entier. Certains ont même connu un petit succès, comme le film Recon, qui avait remporté le grand prix au festival de science-fiction de Londres en 2005.

Mais au Québec, bizarrement, on n'a jamais entendu parler d'eux. «Le désert absolu», lance son fondateur Christian Viel, avec une once d'étonnement. «On est connus internationalement, mais pas ici. Tout ce qu'on a eu, ce sont des petits entrefilets et quelques passages au festival Fantasia.»

M. Viel souligne qu'il n'est pas le seul. Il donne l'exemple de son collègue Maurice Devereaux, qui gagne une foule de prix internationaux mais qui reste inconnu ici. Ou de la cinéaste Izabel Grondin, qui continue de réaliser ses films à compte d'auteur. «C'en est ridicule», dit-il.

Selon lui, c'est le prix à payer quand on fait du cinéma de genre au Québec. Et c'est aussi la raison pour laquelle Movie Seals a choisi de faire ses films en anglais, afin de cibler directement le circuit international. «Si on veut faire des sous, on n'a pas le choix», lance le producteur, dont la seule expérience en français se résume au long métrage Lignes de vie, un film policier de 1992 mettant en vedette Benoît Brière.

Évidemment, ne lui parlez pas de subventions. Hormis quelques crédits d'impôt fédéraux et provinciaux, Christian Viel a financé lui-même la plupart de ses films. Farouchement indépendante - pour le meilleur et le pire - sa boîte a depuis longtemps fait une croix sur la SODEC. «On a déjà cogné à leur porte et ils ont ri de nous, lance M. Viel. Ce qu'on fait, pour eux, c'est pas sérieux.»

Héros dans le monde, zéros au Québec...