La douce et attachante Mimi de La galère est enceinte. Le hic, c'est que Dominic, le père de l'enfant, porte la soutane et la retire seulement à l'occasion pour batifoler avec sa douce. Or, contre toute attente, la mise en scène de cette relation généralement condamnée par l'Église n'a pas choqué l'Archevêché de Montréal pas plus qu'elle n'a fait l'objet de plaintes de la part des téléspectateurs de Radio-Canada.

Et dans l'épisode d'hier, suivi par 777 000 téléspectateurs, notre jeune prêtre en remet. Il va même cogner à la porte de sa bien-aimée afin de partager une nuit entière avec elle. Mais ceux qui croyaient que la liaison entre Dominic - incarné par Marc Paquet - et Mimi (Brigitte Lafleur) allait scandaliser l'Archevêché avaient tout faux.

«Est-ce que les gens ont été choqués de ça? Je vous réponds spontanément non, mentionne Richard Saint-Louis, adjoint au directeur de l'office du personnel pastoral à l'Archevêché de Montréal. C'est une réalité concrète de la vie des prêtres et des ministres ordonnés en général, souligne-t-il. C'est une situation qu'on a déjà vécue dans le diocèse et qu'on pourrait peut-être revivre encore. Bien évidemment, quand les prêtres choisissent d'exercer ce ministère, ils renoncent effectivement à vivre avec une femme, à avoir des enfants... Mais ça n'en fait pas des purs esprits pour autant.»

Le fait que, dans l'émission, Dominic hésite à défroquer pour vivre son amour au grand jour et que Mimi soit forcée de taire l'identité du père de son enfant illustre bien le dilemme et le déchirement des hommes et des femmes qui vivent réellement cette situation, estime M. Saint-Louis.

Mais ce questionnement d'un prêtre qui doit choisir entre l'amour d'une femme et son dévouement envers Dieu aurait-il pu être illustré au petit écran, à une autre époque, dans le Québec des années 60? «Ça aurait certainement provoqué un tollé, mentionne Richard Saint-Louis. On commençait à peine à se décoincer.»

Pour sa part, l'auteure et coproductrice de la série, Renée-Claude Brazeau, croyait que le scandale lié à cette relation «impure» aurait pu éclater pendant la saison 2, alors que Mimi et Dominic font littéralement l'amour dans le confessionnal de l'église. Or, l'histoire n'a pas fait grand bruit. La seule difficulté aura été de trouver une église acceptant qu'une telle scène soit tournée dans la maison de Dieu.

Depuis que les épisodes du troisième tome sont en ondes, Renée-Claude Brazeau n'a eu vent d'aucune plainte concernant Mimi, son prêtre adoré et leur futur enfant. «Il y a des affaires qui passent dans La galère et qui ne seraient pas acceptées ailleurs», estime-t-elle.

Aux yeux de l'auteure, ce rapport amoureux n'a rien d'un drame. «J'ai envie de dire que ce n'est assurément pas un crime. Un prêtre qui connaît la paternité et la vie de couple ne peut-il pas accomplir un meilleur travail?»

Du côté de Radio-Canada, la porte-parole Nathalie Moreau assure que les téléspectateurs n'ont formulé à ce sujet aucune plainte auprès du service à l'auditoire.