Parler de dépression sans verser dans le drame et la déprime. Voilà l'objectif que s'étaient fixé les auteurs de Prozac-La maladie du bonheur, nouvelle et première série dramatique québécoise à être diffusée sur V. Le visionnement des deux premiers épisodes a été concluant: mission accomplie. En signant les textes de l'émission - mettant en vedette Patrice Robitaille, Isabelle Blais et François Létourneau - Sophia Borovchyk et Karina Goma ont vraisemblablement réussi leur pari.

Si la dépression est en quelque sorte la maladie des temps modernes, elle demeure néanmoins un sujet tabou. Et Prozac, habilement réalisée par François Bouvier (Les hauts et les bas de Sophie Paquin), parvient en peu de temps à faire tomber quelques barrières.

Le rythme efficace de ces émissions de 30 minutes réussit à captiver le téléspectateur. Certaines scènes, qui ne sont pas nécessairement drôles et où les dialogues sont peu présents, nous arrachent malgré tout un fou rire coupable, un rire jaune. La raison? Le pathétisme de la situation.

Résumé du premier épisode présenté hier aux journalistes: Philippe (Patrice Robitaille) incarne sans conteste l'image du gars parfait. Âgé d'une trentaine d'années, il a toujours réussi ce qu'il entreprenait. Venant à peine d'être nommé éditorialiste en chef du quotidien Le courrier, ce gagnant commet une faute professionnelle irréparable.

Son patron décide alors de le suspendre - sans solde - pour une période indéterminée. C'est le début de la fin. Toutefois, même si l'heure semble grave, des scènes cocasses viennent alléger l'atmosphère. Pas facile de mélanger drame et humour. On voit ainsi Philippe naviguer sur le site internet des scouts où il apprend, grâce à un écureuil parlant, comment faire des noeuds pour se pendre. Il est toutefois sauvé par la cloche, car ses deux fidèles amis, Mathieu (François Létourneau) et Sophie (Isabelle Blais), sonnent à sa porte au même moment. Le hic, c'est qu'il ne parvient pas à retirer la corde qu'il a maladroitement nouée autour de son cou. Il cherche donc le moyen de la camoufler sous ses vêtements.

Prenant conscience qu'il est au bord du gouffre, il décide de suivre une thérapie de groupe où il fera la connaissance d'un «autiste pas capable d'ouvrir la bouche», d'une «agace nymphomane» et d'un «has been qui pense être capable de remplir la Place des Arts». Beau portrait.

Ses amis, extrêmement présents pour lui, vivent également de petits soucis. Sophie, journaliste aux arts et spectacles, collectionne les «morons» et peine à entretenir une relation stable. Mathieu, qui travaille également au journal, devra faire un choix difficile. Devrait-il tenter sa chance et remplacer Philippe au poste d'éditorialiste en chef? Point à noter: dans certaines scènes, il est parfois difficile d'oublier P-A, le personnage incarné par François Létourneau dans Les invincibles. Bonne nouvelle, toutefois: Mathieu est beaucoup moins détestable et égocentrique que ne l'était P-A.

Soulignons également l'apport considérable des parents de Philippe au scénario; ils sont incarnés par Gilles Renaud et France Castel. Espérons qu'ils reviendront souvent au cours des 11 épisodes. D'ailleurs, dans la seconde émission, on voit Philippe se rendre (à reculons) à la maison familiale pour souligner l'anniversaire de son père en compagnie des «mononcles», des «matantes» et des sandwiches pas de croûte.

Gruger l'auditoire

En diffusant Prozac sur ses ondes, V parviendra-t-elle à gruger quelques parts de cotes d'écoute à ses compétiteurs? C'est ce que souhaite le grand patron de la chaîne, Maxime Rémillard, ainsi que le coproducteur de l'émission, André Rouleau, de Caramel Films. Si M. Rouleau n'ose pas avancer de chiffre concernant l'auditoire qu'il souhaite atteindre, il admet néanmoins qu'il voudrait qu'il soit assez important pour permettre à l'émission de revenir en ondes pour une seconde saison, l'automne prochain.

Prozac - La maladie du bonheur sera diffusée sur V à partir du mardi prochain, à 20 h 30.