Comme les films, les émissions pour enfants ne sont pas le reflet de la réalité. Cela conduit parfois à des aberrations: l'Afrique du Sud présente une des télés pour enfants les plus blanches. Et au Kenya, les personnages féminins sont plus souvent asiatiques que noirs.

De façon générale, les personnages principaux féminins sont sous-représentés et souvent stéréotypés, indique une analyse menée dans 24 pays, dont le Canada et les États-Unis, et pilotée par l'International Central Institute for Youth and Educational Television (IZI) de Munich. Les blondes et les rousses dominent. Le trois quarts des héros sont blancs.

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C'est aux États-Unis que la proportion de Noirs est la plus élevée dans les émissions pour enfants (15 %), ce qui reflète sensiblement la composition de la population.

Au Canada, ce ne sont pas les Noirs mais les Asiatiques qui sont sous-représentés, indique le professeur André Caron, de l'Université de Montréal, dont l'équipe vient de compléter une étude sur les personnages et les valeurs positives dans les émissions jeunesse.

Comme ailleurs, «les handicapés sont presque totalement absents des émissions pour enfants. Cela ouvre un débat complexe: est-ce qu'on veut vraiment représenter la réalité? Si oui, on ne peut pas faire de discours contre la violence, parce qu'il y en a dans la réalité!» dit-il.

Au contraire, promouvoir des modèles positifs nécessite un certain doigté. Comment trouver le juste équilibre entre des modèles non conventionnels acceptables et crédibles, et une réalité non pertinente ou menaçante? La réponse varie beaucoup selon les cultures, a constaté le professeur Dafna Lemish, éditrice du Journal of Children and Media, qui a interviewé 99 producteurs télé de 52 pays. Dans certains pays, présenter une fille qui souhaite poursuivre des études supérieures ou un père qui nourrit son bébé au biberon contrevient à la norme. Ailleurs, on peut aller beaucoup plus loin.

Pour briser les stéréotypes, la solution est peut-être d'offrir une plus grande variété de personnages complexes. «Les filles cherchent principalement des personnages féminins - mais aussi masculins - qu'elles peuvent utiliser pour «gérer leur vie» et former leur identité», souligne Maya Götz, de l'IZI. Oui, la beauté est un critère important pour qu'un personnage soit apprécié des fillettes, mais pas pour toutes.

Beaucoup de filles accordent de l'importance aux actions «socialement responsables», mais il y a aussi des exceptions. «Le plus important est que le personnage fasse preuve d'autodétermination», résume-t-elle, au terme d'une recherche réalisée auprès de près de 2200 enfants de 6 à 12 ans.