Catherine Pogonat pensait faire deux ou trois saisons avec son émission sur les arts émergents, diffusée à la fois sur le web et ARTV.

Mais, bien en selle, elle entreprend, à compter de lundi, sa cinquième saison de Mange ta ville, estimant qu'il n'y a jamais eu autant de création au Québec.

«Jamais il n'y a autant eu de création aujourd'hui, avec les moyens de diffusion plus nombreux, l'internet par exemple. Il y a toujours des nouveaux venus, on compte beaucoup plus d'artistes qui créent, c'est incroyable. Si on avait fait le tour, on aurait arrêté l'émission mais ce n'est pas le cas», a confié celle qui s'est fait connaître avec Bande à part, émission réalisée depuis les studios de Radio-Canada à Moncton.

Il faut dire que la réalité était alors fort différente. «Il était très difficile pour les jeunes artistes de se faire entendre, à part les radios communautaires ou universitaires, a-t-elle rappelé. Les grands journaux en parlaient un peu. Mais l'internet a changé la donne. Les courts métrages ou les oeuvres d'art se retrouvent rapidement sur le web. Des gens voient ça et, en peu de temps, ils envoient les infos aux amis.»

Après Bande à part (où elle vient de retourner), Catherine Pogonat et son réalisateur de l'époque, Éric Morin, avaient pris bonne note de l'absence d'émissions portant sur la création indépendante ou les nouveaux visages à la télé.

Ils ont alors peaufiné un projet original qu'ARTV a accepté, d'autant plus qu'ils suggéraient une nouvelle façon de faire de la télé, avec une caméra qui bouge sans cesse et des images audacieuses.

À chaque émission, un nouveau thème s'impose (formes, bruits, icônes, etc.). Un artiste, souvent bien établi, en discute avec l'animatrice, dans un lieu souvent inusité.

On intègre aussi une performance musicale, avec des membres de la relève, ou des gens plus connus, mais en général, loin du «produit commercial».

«On rencontre de nouveaux artistes que l'on ne connaît pas encore mais on s'intéresse aussi à la création indépendante, a ajouté la pimpante animatrice. Ainsi, on rencontre des gens connus mais qui sont très libres dans leur démarche artistique.»

À l'heure de la diffusion sur le web, Mange ta ville a aussi osé. Les émissions sont mises en ligne d'abord avant de passer à la télé.

À compter de lundi prochain, une nouvelle émission sera intégrée au site www.mangetaville.tv chaque semaine, jusqu'en décembre. Puis, on recommencera à la fois sur le web et à la télévision en janvier.

Pour la première de la rentrée, lundi, il sera question du «destin» avec, comme invité, le jeune réalisateur Xavier Dolan qui parlera notamment de la puissance des rêves et de différence.

Comme le démontre la bande-annonce de l'émission, on pourra voir Dolan avec le pantalon baissé.

C'est que celui qui en a surpris plus d'un au Festival de Cannes a accepté de montrer ses tatouages, des citations de cinéastes fétiches, dont Jean-Luc Godard.

Le magazine culturel «mange» aussi d'autres villes. Après Toronto, l'équipe revient tout juste d'un tournage dans la faune de Vancouver.

«Ce fut une semaine très intense, a relaté l'animatrice. On a tourné jour et nuit pour faire la tournée des restos, bars et autres lieux. Le paysage, mer et montages non loin, est hallucinant. Et ça teinte la création. Mais il y a aussi le côté pucké du dur quartier Downtown East Side.»

Mange ta ville a déjà raflé six prix Gémeaux dont quatre pour «Meilleur magazine culturel».

À la télé, l'émission revient en ondes le jeudi 7 janvier prochain à 22 heures.