Un autre coup dur pour Radio-Canada. Après avoir annoncé récemment l'abolition de 800 postes, la SRC ne semble pas encore au bout de ses peines: elle pourrait en effet devoir se débrouiller avec 56 millions en moins dès l'an prochain.

Cette somme représente environ 5% du 1,1 milliard versé par Ottawa à la chaîne publique par le biais des crédits parlementaires. Le gouvernement fédéral demande chaque année à différents ministères, agences et sociétés d'État de procéder à l'examen de leurs dépenses et d'identifier les programmes considérés comme étant moins prioritaires ou qui ne répondent plus aux objectifs. Ces sommes d'argent peuvent ensuite être investies ailleurs ou au sein du même organisme. Il arrive également que ces sommes soient tout simplement supprimées.

Radio-Canada se prête présentement à cet exercice qui pourrait durer quelques semaines. Les employés de la SRC ont d'ailleurs été informés vendredi dernier, dans une note interne envoyée par le PDG, Hubert T. Lacroix, qu'une révision des dépenses était présentement en cours.

Dans cette lettre, il n'aurait toutefois pas été question de réduction du budget, assure Marco Dubé, porte-parole aux affaires institutionnelles de Radio-Canada.

«Il a envoyé une note pour les aviser qu'on était tenu de participer à cet examen-là, mentionne M. Dubé. Il n'a pas parlé de 56 millions. M. Lacroix n'a pas abordé ça comme ça. On est au début du processus, poursuit-il, et on ne va pas spéculer sur ce que ça signifie ou sur ce que ça pourrait vouloir dire.»

Le fédéral montré du doigt

À Ottawa, alors que le ministre du Patrimoine, James Moore, assurait hier que cet examen de 5 % des dépenses a pour but de mieux utiliser l'argent des contribuables, la nouvelle a soulevé l'ire des partis de l'opposition. Ils ont reproché aux conservateurs de manquer à leur promesse de ne pas réduire le budget de la SRC.

«Le ministre dit quelque chose, mais il fait le contraire, a déclaré hier aux Communes la députée bloquiste, Carole Lavallée. Si le ministre a dit vrai en comité, comment explique-t-il la note du président de Radio-Canada à ses employés?», a-t-elle demandé.

Du côté du Nouveau Parti démocratique, on craint que cette possible réduction de budget ait «de graves répercussions sur la situation déjà précaire du radiodiffuseur public».

«Ces réductions surviennent au moment où la Société Radio-Canada gère encore des réductions de 179 millions de dollars dans ses services, a déclaré le néo-démocrate, Charlie Angus. Le gouvernement s'est moqué de la Société Radio-Canada au moment où celle-ci essayait d'obtenir un financement temporaire, ce qui a causé un manque à gagner appréciable et d'importantes réductions dans la programmation de Radio-Canada. Le gouvernement serre encore plus la vis avec ces nouvelles réductions.»

Le ministre du Patrimoine a pour sa part balayé les accusations de ses adversaires d'un revers de main. M. Moore a mentionné qu'il incombait maintenant à la société d'État de proposer une meilleure façon de réinvestir l'argent provenant des programmes considérés comme étant moins prioritaires. Or, le gouvernement n'est pas tenu de répondre à ces nouvelles demandes. C'est le Conseil du trésor qui a le dernier mot sur l'attribution de ces budgets.

«L'examen stratégique (...) a pour but d'assurer que l'argent des contribuables est dépensé de manière efficace et nous travaillons avec la Société Radio-Canada sur ce dossier, a-t-il rétorqué hier en Chambre pour répondre aux attaques de l'opposition. Aussi, soyons clairs. Lors de la campagne électorale, on a fait une promesse précise en ce qui a trait à la Société Radio-Canada. À chacun de nos quatre budgets, on a augmenté le budget de la Société Radio-Canada année après année.»

Au bureau de la ministre québécoise de la Culture, Christine St-Pierre, on a refusé de commenter la nouvelle pour le moment.

Avec La Presse Canadienne