Les chroniques d'une mère indigne ou encore Chez Jules, ces courts épisodes diffusés sur le web et mettant en vedette des comédiens connus comme Anne Dorval et Marie-Hélène Thibault, suscitent l'intérêt des internautes. Par exemple, entre le 9 et le 31 mars, Les chroniques d'une mère indigne - en ligne sur le site de Radio-Canada - ont enregistré en moyenne chaque semaine 66 300 branchements.

Devant cet engouement, certains producteurs qui travaillent actuellement pour la télévision conventionnelle envisagent d'élaborer des projets pour le web. Ainsi, Novem (C.A., La cache) a décidé de plonger, a appris La Presse.

La société appartenant à Véronique Cloutier souhaite produire une web émission hebdomadaire. Il s'agira d'une fiction dans laquelle joueront des acteurs québécois connus. Un diffuseur aurait même déjà manifesté son intérêt. Le producteur et directeur des séries dramatiques chez Novem, Louis-Philippe Rochon, a toutefois refusé de donner plus de détails sur la forme que prendra le projet qu'il souhaite mettre en ligne.

Selon lui, les producteurs télé devront tôt ou tard considérer l'internet comme outil de diffusion. «Bientôt, ton grand écran plasma va devenir ton ordinateur», estime-t-il.

Du côté de Sphère Média Plus (Les hauts et les bas de Sophie Paquin, Annie et ses hommes), le président Jocelyn Deschênes risque lui aussi de sauter bientôt dans l'arène. «Je pense à des affaires, mentionne-t-il. J'ai quelques concepts sur la table. Ça fait longtemps que je m'y intéresse. Mais il faut vraiment trouver la bonne déclinaison, ajoute-t-il. Est-ce qu'on part du web pour aller vers la télé ou si on part de la télé pour aller vers le web?»

Inquiétudes

M. Deschênes, comme plusieurs autres producteurs, émet toutefois certaines réserves quant aux possibilités de la nouvelle plateforme.

«Ce qui m'inquiète sur l'internet, c'est qu'il y a des saveurs du mois comme Les Têtes à claques, constate le président de Sphère Média Plus. Ça dure six mois et là tout le monde se tanne de ça. Ce que je fais en télévision, je veux que ça dure plusieurs années.»

Autre ombre au tableau : l'absence pour le moment d'un modèle économique viable. «Le web devient une source de revenus supplémentaires qui n'est pas encore viable entièrement, mais qui commence à l'être, estime M. Deschênes. Je sais qu'ultimement, le financement va se faire au web comme à la télé et que la rentabilité va se faire aux deux endroits.»

Dans cette optique, André Provencher, président de La Presse Télé affiche une prudence certaine. «Ce n'est pas une option qu'on envisage à court terme, mentionne-t-il. Les modèles économiques ne sont pas encore tout à fait bien définis.»

La création récente du Fonds des médias, né de la fusion entre le Fonds canadien de télévision et le Fonds des nouveaux médias, contribue également à créer une certaine incertitude chez les producteurs. Pour le moment, les règles d'attribution tant du côté de la télévision que de celui du web demeurent inconnues. Impossible de savoir de quelle façon l'argent sera distribué pour financer les productions.

De leur côté toutefois, les représentants de sites internet comme celui de Radio-Canada et de Canoë sont d'avis qu'il y a un intérêt de plus en plus marqué de la part du public pour des émissions web. «Nous sommes en pleine planification et il y a plusieurs projets à l'étude», mentionne la chef des communications internet et des services numériques de Radio-Canada, Marie Tétreault, sans toutefois donner plus de détails. Même son de cloche du côté de Canoë.

À l'instar de ce qui se fait présentement en télévision, pourrions-nous assister bientôt à des lancements de programmation web? «Tout est possible», répond Marie Tétreault.

Les web émissions en chiffres

> Le web épisode de Tout sur moi a enregistré 20 926 branchements après deux jours de mise en ligne.

> Les chroniques d'une mère indigne ont généré en moyenne chaque semaine 66 300 branchements entre le 9 et le 31 mars.

> L'émission 3600 secondes d'extase, animée par Marc Labrèche, a enregistré en moyenne 33 000 branchements par semaine au mois de mars.