D'abord, le choc. C'est fini. Les bracelets bleus, les montres-jouets, les colliers d'amitié, les pactes débiles, les plans d'action garnis d'étoiles, c'est f-i-n-i. À jamais. Les Invincibles ont déserté New Big City.

Le déni. C'est clair, Lyne-la-pas-fine va ressusciter. Un robot, ça ne meurt pas. Et Rémi va rappeler ses vieux chums, qui accepteront tous de démarrer un nouveau rallye du bonheur. Oui, c'est ça. Tout va revenir comme avant. Avant que la réalité triste, lourde et plate ne rattrape notre bande préférée comme dans l'épisode diffusé hier soir.  

La colère. Je ne peux pas croire que les auteurs François Létourneau et Jean-François Rivard ont tué un des plus beaux personnages du petit écran québécois. Pourquoi n'ont-ils pas sacrifié Damien ou l'autre zouf à moustache? Et c'est quoi leur *&%$ de problème de nous abandonner bêtement après trois (trop courtes) saisons? Franchement.

Le questionnement. Létourneau et Rivard vont-ils faire un Louis Morissette et annoncer que - surprise! - ils planchent en secret sur une quatrième saison? Ont-ils pris la bonne décision de se retirer en pleine gloire après la meilleure saison de la trilogie des Invincibles?

La tristesse. Cette finale spectaculaire, qui a brutalement sonné la fin de la récréation pour ce quatuor «d'adulescents», a regorgé de scènes déchirantes capables d'arracher des larmes au plus cynique des téléspectateurs. Comme celle, bouleversante, où Rémi s'accroche lamentablement aux derniers fragments de sa jeunesse, le visage barbouillé par le feutre du plasticien. Même chose pour celle où Carlos s'effondre en larmes dans le corridor de l'hôpital et dont les appels à l'aide restent sans réponse. La vie a joué le pire des tours à Carlos. Il a divorcé de ses amis (les gars, c'est fini, vous pis moi, c'est fini). Et ceux-ci ne veulent pas le reprendre.

La résignation. La boucle a été bouclée. La série ne pouvait pas se conclure autrement. La mort, n'est-ce pas le plus puissant et le plus douloureux des électrochocs? Pour paraphraser Lyne, on ne peut pas être des enfants et avoir des enfants. Honnêtement, qu'aurait apporté une quatrième saison des Invincibles? Après des déboires disgracieux, les gars ont enfin pris de la maturité. Les enfoncer à nouveau dans des combines juvéniles aurait frôlé un pathétisme inexcusable.

L'acceptation. Cette finale des Invincibles a été poignante, chargée et superbe, tant au plan de l'écriture, du jeu des comédiens que de la musique (Still Loving You de Scorpions, quel choix judicieux). Autant nous avons haï ces personnages fictifs, particulièrement P-A et Lyne, autant ils nous ont extirpé hier de gros sanglots. Vraiment, cette saison d'adieu a allié avec beaucoup de finesse le tragique et le comique. Prenez l'excellent Rich The Bitch: la scène comique où il a avoué son amour à Lyne a rapidement basculé dans le malaise et le désarroi installés par les auteurs. Rire jaune, vous dites? Tellement. C'est dans ces moments tragicomiques que la série a brillé dans le ciel noir de New Big City.

Mais plus maintenant. Bon, ça y est. Je m'ennuie déjà.