DANS CE DEUXIÈME VOLET SUR LES COULISSES DE HOLLYWOOD, NOTRE CHRONIQUEUR HUGO DUMAS DISCUTE AVEC LE CRÉATEUR ET PRODUCTEUR DE LOST, DAMON LINDELOF, DE LA FIN IMMINENTE DE CETTE ÉMISSION TOUFFUE ET RENCONTRE AUSSI TROIS DE SES PERSONNAGES PIVOTS, SOIT JACK, KATE ET BENJAMIN. AUSSI AU MENU : UNE INCURSION DANS LA MAISON COSSUE DE NORA WALKER (SALLY FIELD), GRANDLIEU DE RASSEMBLEMENT DE LA RICHE FAMILLE WALKER DE LA SÉRIE BROTHERS  

Ces deux gars-là, les producteurs Damon Lindelof et Carlton Cuse, savent exactement comment Lost se terminera au printemps 2010. Chanceux, hein? Avec ses grosses lunettes en plastique noir et son crâne rasé, Damon Lindelof, 35 ans, incarne le geek par excellence: un tantinet gêné et obsédé par la brique Le fléau de Stephen King, la série de science-fiction Battlestar Galactica et Twin Peaks de David Lynch. 

Âgé de 50 ans, Carlton Cuse, avec son complet-cravate gris perle, ressemble plus au comptable de production qu'à un créateur. Sans plus tarder, et sans bousiller les mystérieux secrets des survivants du vol Oceanic 815, voici les infos exclusives que nous avons glanées sur Perdus, dont la cinquième saison (l'avant dernière, quelle tristesse!) débute à Radio-Canada le jeudi 30 avril, à 20h.

 

D'abord, préparez-vous à plusieurs voyages dans le temps dans les prochains épisodes. «Ça fait longtemps que nous les préparons. Quand Sayid bidouillait la radio, il entendait des sons des années 40. C'était un premier indice «, détaille Carlton Cuse. «Maintenant, les personnages se baladent aussi dans l'histoire de l'île. Ils revivent l'arrivée de Rousseau en 1954. Nous allons aussi voir Charles Widmore à 17 ans, alors qu'il faisait partie des Autres. A-t-il déjà été leur chef? Et quel type de relation entretenait- il avec Ben? Nous connaissons les réponses depuis plusieurs années et nous commençons à les distiller», relate Damon Lindelof.

Au coeur des intrigues

À ce sujet, rassurez-vous, nous obtiendrons les clés des plus grands secrets qui embrouillent cette île magique d'ici la fin de la sixième saison. «Vous allez savoir d'où provient le monstre de fumée, vous connaîtrez la nature de l'île et vous aurez des détails sur le sort de Kate et Jack, Hurley et Locke, ainsi que Sawyer et Sayid», assure Damon Lindelof, dont les ancêtres proviennent de la Suède. Carlton Cuse ajoute: «Et c'est quoi cette statue-là avec quatre orteils? Qui est Jeremy Bentham? Nous allons le révéler. Et vous en saurez beaucoup plus sur l'étrange Jacob vers la fin de la cinquième saison.»

Par contre, désolé pour les mordus compulsifs et les friands de détails, mais Lost ne revisitera pas les histoires jugées «secondaires «. Comme, par exemple: pourquoi Libby et Hurley ont-ils été internés au même hôpital?

«Ce morceau-là, dans le grand plan de Lost, n'influence pas la finalité. Nous ne pourrons pas résoudre tout, malheureusement. C'est inévitable «, constate Damon Lindelof, qui a aussi puisé dans la Bible, les bouquins de Jules Verne, La guerre des étoiles et dans la série britannique Le prisonnier pour tisser la complexe toile de Lost.

«Nous répondrons aux énigmes que nous estimons au coeur des intrigues. Et non, ce ne sera pas : Oh, tout ceci s'est déroulé dans un monde imaginaire, je vous l'assure «, enchaîne Carlton Cuse.

C'est une approche assez inhabituelle en télé, mais les créateurs de Lost ne tentent plus d'hameçonner de nouveaux téléspectateurs. Ils écrivent pour les fans les plus dévoués et régalent ceux qui suivent la série avec passion et qui inondent les forums de discussion de théories sur la mythologie englobant cette formidable émission de télévision. Évidemment, ce choix implique que les cotes d'écoute ne gonfleront plus et que les noninitiés en arracheront de plus en plus pour se raccrocher à l'histoire. Tant pis. «C'est clair que si vous manquez un épisode de Lost, vous êtes perdus», glisse Damon Lindelof.

Détails importants

Pour dissiper un peu le brouillard, Carlton Cuse nous suggère d'observer la fameuse île, qui flotte quelque part dans le Pacifique Sud. «Quelle est l'histoire de l'île? Qui a dirigé cette île? Et qui la dirigera ? John Locke a déjà été le leader de l'île, mais il a disparu deux secondes après avoir accepté le poste. Ben en a aussi été le leader et Charles Widmore prétend l'avoir dirigée «, souligne le producteur.

Détail important : l'équipe de Perdus porte un soin maniaque à la longueur de la barbe de Jack et aux différents stades de calvitie de Locke. «Les coupes de cheveux, c'est la seule façon que les téléspectateurs ont de replacer et de situer les personnages dans le temps», souffle Damon Lindelof.

Évidemment, tout accro à Perdus se pose la question suivante: les créateurs ont-il imaginé l'épisode final dès la première saison? Ou ont-il inventé les intrigues au fur et à mesure que la série progressait ? Aucune réponse claire n'a fusé de nos entrevues. «Dans un an et quelques semaines, vous pourrez voir les six saisons de Lost bout à bout et juger par vous-mêmes. J'ai bien l'impression que le débat va quand même se poursuivre. Personne ne va regarder le tout dernier épisode en disant : Oh mon Dieu, c'était clair que ces gars-là savaient où ils s'en allaient après avoir écrit le pilote», explique Damon Lindelof.

Alors, un peu perdus? Moi, si. Mais j'adore ça.

Des nouvelles de...

KATE

Pétillante, drôle et belle comme tout, Evangeline Lilly, qui a enfilé une camisole vert pâle et des talons de quatre pouces, n'a besoin que de décocher un lumineux sourire pour charmer à des kilomètres à la ronde. «J'adore tourner à Hawaii, note-t-elle. Je travaille sur une plage, je respire de l'air pur et non le smog de Los Angeles. C'est génial.» La question qui décape, maintenant: Kate finira-t-elle dans les bras de Sawyer ou de Jack? Evangeline sourit: «Avec Lost, j'ai appris à ne plus rien espérer. Les auteurs changent le scénario tellement souvent.»

JACK

Pas facile de percer la carapace de Matthew Fox. L'acteur se livre au compte-gouttes en entrevue. Attaquons quand même. La rumeur galope que Fox soit le seul à connaître la fin de Lost. Vrai? «Je ne sais pas», tranche-t-il. Info croustillante: les producteurs inscrivent avec une encre invisible le nom des acteurs sur chacune des pages du scénario. «Comme ça, ils savent qui assassiner en cas de fuite», ajoute Matthew Fox, mi-sérieux. Jack pourrait-il mourir? «Je pense que ça serait super. Je crois que Jack va mourir. C'est mon feeling. Je pense que plusieurs autres personnages vont aussi mourir, mais je peux me tromper», marmonne Matthew Fox en serrant sa bouteille d'eau.

BENJAMIN

Ben est-il bon ou méchant? Personne ne le sait encore, pas même son interprète, l'acteur Michael Emerson, d'un chic fou dans son costard noir. «Le jury n'a pas fini de délibérer à ce sujet», rigole-t-il. Au milieu de la cinquième saison, Ben fait un geste dramatique qui soufflera bien des téléspectateurs. «Attendez de voir cet événement placé dans un autre contexte avant de juger», prévient Michael Emerson. Comment aimerait-il que la série finisse? «Dans le style: mon dieu, ça fait six ans que c'était sous mes yeux et je n'ai rien vu», lance le comédien.



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Nora, qu'est-ce qu'on boit?

La (fausse) lumière entre à pleines fenêtres dans la magnifique cuisine californienne de Nora Walker (Sally Field). D'immenses tasses en céramique sèchent sur le comptoir et le frigo en inox déborde de victuailles. Dans chacune des nombreuses pièces, la déco, riche et opulente, reflète parfaitement le doux confort dans lequel baignent les Walker, qui ont amassé leur fortune dans le commerce des fruits.

Tous les dimanches à 22h sur ABC et Global, la progéniture de Nora, soit Sarah, Kevin, Kitty, Tommy et Justin, se réunit dans cette splendide demeure de Pasadena, où a) ils boivent trop de vin rouge, b) se chicanent bruyamment à propos de l'entreprise familiale Ojai Foods et c) pleurent un bon coup avant de se réconcilier.

Peu connue chez nous, la série Brothers&Sisters, saga familiale de facture classique portée par des acteurs chevronnés, regorge pourtant de qualités. En plus de la sublime Sally «soeur volante» Field, la distribution réunit la talentueuse Rachel Griffiths (Brenda de Six pieds sous terre), la délicate Calista Flockhart (oui, c'est Ally McBeal!) et Rob Lowe (Sam dans The West Wing).

Calista Flockhart, blasée

Les traits tirés, Calista Flockhart sourit à peine. Le week-end a-t-il été éreintant? Pas de réponse. La minuscule actrice tire sur les manches de son chandail de laine informe, fixe ses bottillons noirs et se recroqueville sur sa chaise. À ses côtés, Rob Lowe, qui joue son mari dans Brothers&Sisters, le sénateur républicain Robert McAllister, tente de la sortir de son marasme. Peine perdue. Calista Flockhart déteste les interviews. Et elle ne se forcera pas en ce début d'après-midi où une fine pluie arrose Burbank, une banlieue située quelques kilomètres au nord de Hollywood.

En quelques phrases saccadées, Calista Folckhart chuchotera qu'elle ne s'ennuie pas du tout de son époque Ally McBeal, où les paparazzis la talonnaient constamment. «Ally McBeal a explosé. C'était une période folle. Maintenant, je garde un profil bas. Je m'occupe de mon fils, je ne suis plus célibataire (elle fréquente Harrison Ford) et mes priorités ont changé», confie, péniblement et sur un ton blasé, Calista Flockhart, qui fêtera ses 45 ans en novembre. Difficile comme rencontre.

Sally Field, généreuse

À l'opposé, Sally Field, vêtue d'un simple jeans et d'une grosse veste en tricot, a été d'une générosité incroyable. Et c'est aussi une des plus grandes dames de Hollywood avec deux Oscars sur son manteau de cheminée.

Alors, c'est comment rider à Hollywood pour une actrice qui a toujours refusé la chirurgie plastique? «Il n'y a presque plus de films ni de séries télé qui racontent la vie d'une femme dans la soixantaine. Moi, je veux vieillir. Je veux jouer dans Driving Miss Daisy. Je veux qu'on m'appelle pour jouer des rôles de vieilles dames comme Jessica Tandy et Katherine Hepburn», s'enthousiasme-t-elle.

Enflammée, Sally Field enchaîne: «La société dit que si une femme a passé l'âge d'avoir des enfants, elle ne vaut plus rien. C'est faux. Je sais pertinemment que je ne serai plus jamais jeune. Et je ne veux pas que les gens disent: Oh, elle a donc bien l'air bizarre. Je préfère me concentrer sur mon métier, plutôt que de me préoccuper des plis dans mon cou.»

Amen, a-t-on presque le goût d'ajouter. Secret de plateau, en terminant: les producteurs de Brothers&Sisters interdisent aux comédiens de consommer du vrai vin pendant les tournages. «Ils nous servent une sorte de jus de raisin dégueulasse. Après en avoir bu pendant 12 heures d'affilée, tu deviens presque malade», raconte Matthew Rhys, qui incarne l'avocat Kevin Walker dans l'émission.

Une seule fois, du vrai vin a été versé dans les coupes. Catastrophe. Le tournage a fini dans le chaos, avec des convives ivres et tout le tralala. Exactement comme dans un souper de Walker, finalement.