Premier constat de la guerre télévisuelle du dimanche soir: Loft Story 5 ne tire plus très fort dans les sondages BBM. La téléréalité-vedette de TQS a connu son pire départ à vie avec une cote d'écoute chiffrée à 778 000 fidèles. Mettons que Kim «paarty» Rusk ne sablera pas de Moët&Chandon.

La formule de Loft Story s'essoufflerait-elle? Les canons des autres réseaux ont-ils tiré trop fort sur un Mouton noir passablement affaibli? Regardons les chiffres. L'automne dernier, le premier gala de Loft Story 4, diffusé un mercredi soir, a intéressé 1 069 000 téléspectateurs. En septembre 2006, le dévoilement des participants de Loft Story 3 a rivé 1 197 000 fans devant leur téléviseur, soit un peu plus que les débuts de Loft Story 2 (1 011 000), mais beaucoup moins que la présentation publique de la première cuvée de lofteurs en 2003 (1 648 000).

 

La dégringolade de Loft Story 5 s'explique en partie par le solide départ de La cour des grands à TVA, qui a été suivie par 1 246 000 téléspectateurs. TQS compte beaucoup sur cette téléréalité pour relancer la station et renflouer ses coffres. C'est bien mal parti.

Deuxième constat: Tout le monde en parle ne se couchera pas si facilement devant Le banquier et Dieu merci!. Oui, Julie Snyder et ses beautés ont été les plus populaires de la soirée (1 915 000), mais Guy A. Lepage et Dany Turcotte (1 490 000) ont été à égalité avec Éric Salvail (1 492 000). À 19 h 30, Laflaque (786 000) a résisté aux assauts de TVA. C'est Découverte qui a écopé (591 000).

Gros week-end de télé, comme vous le constatez. Samedi soir, dans un délirant sketch de quelques minutes, Marc Labrèche a parfaitement résumé tous les malaises que j'ai éprouvés en visionnant la pompeuse entrevue que Denise Bombardier a réalisée avec Céline Dion pour TV5 Monde. Si vous avez raté cette pièce d'anthologie, pas de problème, Radio-Canada offre encore 3600 secondes d'extase sur son site web. Du bonbon.

Formidable acteur, Marc Labrèche s'est glissé dans la peau de l'intervieweuse (avec sa perruque en boîte de carton) et de l'interviewée, qui baignait dans un éclairage quasi divin. La fausse Denise Bombardier, comme la vraie, soit dit en passant, s'empêtrait dans des questions alambiquées sur «l'espace temps», «des portes qui s'ouvrent» et sur «la maturité du regard». Des questions qui ne finissaient jamais et qui ne servaient évidemment qu'à mettre l'auteure et «groupie intellectuelle» en valeur. La fausse Céline Dion, comme la vraie, prenait des pauses calculées et «perlait» à la française, en rattrapant parfois son accent québécois au passage. Malaise.

La meilleure réplique de la fausse Céline? «Je ne me vois pas dans le rétroviseur quand je suis dans la voiture. Mais je me vois. Je vois mon regard qui me voit quand je ne me vois pas. C'est le regard qui voit la femme qui regarde. Vous voyez?»

En ouverture, Marc Labrèche a de nouveau enfilé la «fameuse» robe sexy de Julie Couillard pour les besoins d'un téléfilm sur sa carrière d'agente d'immeubles. Hilarant. Se débattant avec une pancarte à planter devant un immeuble, la fausse Julie Couillard a balancé la réplique qui tue: «J'en suis incapable. Je cours épouser un motard!»

Dans ma chronique d'hier, j'ai écrit que Guy A. Lepage avait décroché une entrevue exclusive avec la dite Julie Couillard. C'est faux. L'ex-copine de Maxime Bernier rencontre une poignée de journalistes mercredi, dont ma collègue Nathalie Petrowski, qui publiera son compte rendu avant la diffusion de Tout le monde en parle.

Haïti, mon pays

Soyons honnête: le documentaire La couleur du temps, qui porte sur la condition des Haïtiens dans le quartier Saint-Michel et que Canal D diffusera le dimanche 12 octobre à 21 h, ne croulera pas sous les prix Gémeaux. Mais il renferme tout de même quelques infos surprenantes, dont celle-ci: saviez-vous que 40 % des détenus à Bordeaux sont noirs, alors qu'au Québec, ils ne forment que 3 % de la population?

Comme question de départ, l'auteur du film, Ronald Boisrond, dont la famille haïtienne a été la première à s'installer à Montréal-Nord en 1970, s'est interrogé: «Comment l'image du gentil petit noir a-t-elle pu se transformer en celle d'un nègre menaçant» ? Malheureusement, il n'y répondra pas en 45 minutes. La couleur du temps gagnerait à être raccourci. Plusieurs intervenants répètent deux ou trois fois la même chose.

Alors, raciste, la société québécoise? «Il y a 20 ou 30 ans, j'aurais répondu non. Aujourd'hui, il y a un racisme qui prend beaucoup plus une allure systémique», explique le psychologue et criminaliste Emerson Douyon.

Ceux qui espèrent trouver dans La couleur du temps des explications sur les émeutes de Montréal-Nord resteront sur leur faim. À propos de la guerre entre les Bleus et les Rouges, le commandant du poste de quartier 30, Fady Dagher indiquera «que les leaders des gangs de rue se foutent des couleurs. Tout ce qu'ils veulent, c'est faire de la business». Selon ce policier, la sensibilisation aux gangs de rue doit s'effectuer dès que l'écolier apprend à écrire. «En deuxième ou troisième secondaire, le jeune est déjà contaminé», note Fady Dagher.