Le Conseil des arts du Canada (CAC) fait amende honorable. Avec 142 programmes et plus d'une centaine de politiques d'intervention, les artistes qui cherchent du financement sont plongés « dans une jungle » où ils doivent se démener pour se conformer à des exigences techniques, plutôt qu'exprimer simplement leurs besoins.

« Ça n'a plus de sens. » Simon Brault, directeur du CAC depuis l'été dernier, pose un diagnostic sans appel. Mais lors de l'assemblée publique annuelle de l'organisme fédéral, cette semaine, il a aussi présenté des voies de solution qu'il qualifie de prometteuses.

« Plutôt que de rester fragmentés, nous croyons qu'il vaut mieux regrouper nos forces et avoir un nombre limité de programmes (une dizaine) sur lesquels intervenir. Ces programmes doivent être simples pour les artistes, répondre à leurs besoins en fonction de ce qu'ils veulent faire. Ce n'est pas à eux de se conformer à nous », a-t-il indiqué.

Grâce à cette réforme, qui devrait être implantée d'ici 2017, le CAC veut démontrer aux citoyens, mais surtout au gouvernement qui le finance, l'importance et les impacts de ses actions.

« Nous devons être perçus par tout le monde, et par les décideurs politiques, comme un outil essentiel au développement des arts, mais aussi un outil pour stimuler la création », a-t-il affirmé.

« Si la création de contenus artistiques innovants n'est pas soutenue, dans un monde où il y a une surabondance de contenus et de moyens d'accès instantané, la bataille est perdue. Et on le voit aujourd'hui. Prenons l'exemple de Netflix, qui arrive avec des séries dramatiques excellentes, mais qui produit ces contenus sans mettre un sou dans l'économie canadienne. Il n'y a aucune retombée pour la création ! Il faut un Conseil des arts qui assume ce mandat et que ce mandat soit compris », a vivement plaidé M. Brault.

Le financement est stable, les demandes aussi

Simon Brault se réjouit de constater que contrairement à d'autres Conseils des arts dans le monde, son organisme n'a pas vu son financement diminuer, ces dernières années. S'il avait espéré que les demandes de financement venant des artistes augmentent durant la même période, ce ne fut toutefois pas le cas.

« Il y a une perception chez plusieurs artistes qu'il est pratiquement impossible d'obtenir du financement au Conseil des arts. Nous voulons nous assurer que la prochaine génération d'artistes continue de faire des demandes chez nous. Plus nous aurons de demandes, mieux les gens comprendront notre rôle », a affirmé le directeur du CAC.

Pour y arriver, l'organisme fédéral prévoit de lancer une nouvelle plateforme internet pour l'envoi des demandes. « On pourra même le faire sur notre téléphone intelligent et suivre l'évolution du traitement du dossier », a dit M. Brault.