Quatre ans après sa dernière tournée, le showman portoricain reprend la route pour offrir un nouveau spectacle placé sous le signe de la musique, de l'âme, et du sexe. Avec tous les plus grands succès en prime.

Bien des choses sont survenues dans la vie de Ricky Martin depuis la fin de la tournée Black and White il y a quatre ans. La paternité d'abord. Ensuite, l'écriture d'une autobiographie simplement intitulée Yo (Moi) s'est révélée cruciale dans ce qu'il convient d'appeler son «cheminement personnel». Puis, un message destiné à ses admirateurs confirmant alors ce qui était déjà un secret de Polichinelle. «Je suis fier de dire que je suis un homosexuel chanceux», a-t-il écrit sur son site web.

«Cela ne change rien dans mon approche quand je monte sur scène, expliquait récemment la star au cours d'un entretien téléphonique. Mais il est certain qu'inconsciemment, il doit y avoir un impact. Cela dit, ma sexualité s'exprimera toujours sur scène d'une façon qui, je l'espère, est aussi franche que belle.»

Bien entendu, le geste fut mûrement réfléchi. À une époque où des acteurs ouvertement gais (Rupert Everett et Richard Chamberlain notamment) affirment qu'ils y réfléchiraient maintenant à deux fois avant de sortir du placard, il peut en effet être délicat pour une vedette populaire, reconnue aussi pour jouer de son sex-appeal, d'en faire de même. Or, Ricky Martin a décidé de jouer franc-jeu, peu importe les conséquences.

«Je ne peux me permettre de me préoccuper de ce genre de choses, fait-il remarquer. Je veux m'amuser avant tout. Et je veux que les gens s'amusent aussi. J'ai toujours abordé la scène dans cet esprit, en partageant ce que je suis. Je reste toutefois bien conscient que la discrimination existe toujours envers tout ce qui est «différent», qu'il s'agisse de minorités ethniques, religieuses ou sexuelles.

«Il se trouve qu'il y a même des gens qui pensent que par souci de crédibilité, je ne devrais plus danser avec des filles sur scène, poursuit-il. Parce que je suis gai, je ne pourrais plus avoir de plaisir à danser avec des filles? Allons donc! Ce n'est pas sérieux! Cette attitude reflète une étroitesse d'esprit qui, je l'espère, est appelée à disparaître. Peut-être est-ce d'ailleurs une partie de ma mission de combattre ce genre d'idées reçues. L'an prochain, j'aurai en outre le plaisir d'incarner Che Guevarra dans la comédie musicale Evita à Broadway. À ce qu'on sache, le Che n'était pas gai!»

Un esprit festif

Amorcée il y a deux semaines à San Juan, sa ville natale, Ricky Martin promène la tournée MAS un peu partout en Amérique du Nord avant de gagner ensuite le continent européen en juin.

«Quand nous avons commencé à discuter de cette nouvelle tournée, j'ai dit à mes collaborateurs que je voulais faire chanter et danser les spectateurs pendant plus de 90 minutes. Le show a été conçu à partir de cette idée. Je suggère d'ailleurs aux gens qui viendront voir le spectacle de porter des vêtements confortables, car ils vont bouger beaucoup!»

S'il offrira évidemment plusieurs des chansons figurant sur Musica, alma, sexo, son neuvième et plus récent album, Ricky Martin compte proposer un spectacle-somme, constitué principalement des plus grands succès ayant marqué sa carrière.

«Ce sera comme un greatest hits sur scène, prévient-il. Je remonte même jusqu'au tout premier album!» Surtout, le showman portoricain a entrepris cette nouvelle tournée avec une attitude résolument festive.

«Je dispose d'une toile blanche sur laquelle je peux peindre ce que je veux, dit-il. Je me présente en totale transparence, libre, léger, et, étrangement, avec un sentiment de nouvelle jeunesse. Je ne me suis jamais senti aussi bien, à vrai dire. Avoir su, j'aurais fait ma sortie du placard bien avant tellement ce geste fut libérateur! Mais je crois quand même l'avoir fait exactement au moment où je me suis senti prêt. Et je ne m'en porte que mieux.»

- Ricky Martin, au Centre Bell le 12 avril, à 19h30.