«On est curieux de connaître notre moyenne», a confié Louis-Jean Cormier après avoir remporté deux Félix la semaine dernière à L'Autre Gala de l'ADISQ.

Karkwa, groupe dont il est chanteur, guitariste, auteur et principal compositeur, a gagné deux autres trophées, hier soir, lors de la cérémonie tenue au Centre Bell. Total? Quatre Félix sur... quatre nominations. Un score parfait.Le gala de l'ADISQ, on le sait, se trouve à mi-chemin entre le concours de popularité et la cérémonie soucieuse de souligner l'audace et la qualité. Or, il est clair que ceux qui ont voté pour Karkwa l'ont fait pour les bonnes raisons, c'est-à-dire pour célébrer son parcours et sa démarche artistique.

Karkwa tourne moins à la radio que la vaste majorité des autres lauréats du gala d'hier et il est probablement celui d'entre eux qui a vendu le moins de disques en carrière. Il est considéré comme un groupe de la marge. C'est d'ailleurs dans la catégorie «album alternatif» que son Volume du vent a été primé.

Mais Louis-Jean Cormier, François Lafontaine, Stéphane Bergeron, Julien Sagot et Martin Lamontagne forment un groupe soudé et solide, désireux de ne pas se répéter et qui a su se bâtir une identité forte. D'où ces Félix du meilleur groupe et - pour la deuxième fois en trois ans! - celui de l'auteur ou compositeur. Une récolte exceptionnelle à plusieurs titres, donc.

Isabelle Boulay, partie en tête avec 10 nominations, voit sa collection de Félix s'agrandir encore. Ce qui étonne n'est pas qu'elle en remporte autant, mais que son album Nos lendemains ait été éclipsé par Lever l'ancre d'Alfa Rococo dans la catégorie pop. Ce n'est pas un mauvais choix puisque les chansons du duo sont aussi accrocheuses que fines; c'est seulement inespéré et inattendu. Plus que son Félix révélation, du moins.

Seule autre réelle surprise dans ce tableau d'honneur: Marie-Mai coiffe Éric Lapointe pour le trophée de l'album rock. Vu le poids des ventes dans la note finale, il n'y avait que trois vrais candidats: Lapointe, Kaïn et Marie-Mai. Comme les deux premiers innovent peu, c'est peut-être le côté frais - et à vrai dire pop - de Marie-Mai qui a fait pencher la balance.

Un dernier mot sur les Félix remis à Daniel Bélanger (spectacle auteur-compositeur-interprète) et à Ariane Moffatt (album pop-rock pour Tous les sens): ils sont la preuve que le vote de l'ADISQ est parfois logique. Bélanger a remporté un Félix pour son album L'échec du matériel l'an dernier (meilleur répertoire, donc) et, cette année, ceux de la mise en scène et de l'éclairage (Alain Lortie). Tous les sens d'Ariane Moffatt a pour sa part remporté des prix pour sa prise de son, ses arrangements et son mixage. Ne pas couronner ce spectacle et ce disque dans un tel contexte aurait été tout simplement absurde.