L'Opéra de Montréal dévoile sa programmation 2018-2019: Rigoletto de Giuseppe Verdi, Das Rheingold de Richard Wagner, Champion de Terence Blanchard et Michael Cristofer, ainsi que Carmen de Georges Bizet, à partir de l'automne prochain à la Place des Arts. Et l'on ne compte pas Twenty-Seven de Ricky Ian Gordon et Royce Vavrek, adapté en opéra de chambre au Théâtre Centaur, ainsi que la soprano Joyce El-Khoury en formule piano-voix présentée conjointement avec le Festival du monde arabe. Directeur artistique à l'Opéra de Montréal, Michel Beaulac justifie ses choix.

RIGOLETTO

À la salle Wilfrid-Pelletier, les 15, 18, 20 et 22 septembre 2018, à 19 h 30

« C'est l'occasion d'offrir un classique du répertoire. C'est aussi l'occasion de faire découvrir la soprano québécoise Myriam Leblanc. Elle fera donc ses débuts dans le rôle de Gilda. C'est extraordinaire pour cette jeune artiste dont le talent a été développé à l'Atelier lyrique de l'Opéra de Montréal. Ce sera aussi un premier Rigoletto pour le baryton canadien James Westman. Le ténor kosovar Rame Lahaj incarnera pour sa part le duc de Mantoue et Maddalena sera jouée par la mezzo-soprano Carolyn Sproule, d'origine montréalaise. Et je suis certain que le maestro italien Carlo Montanaro est un excellent musicien pour diriger cette musique de Verdi avec l'Orchestre Métropolitain, une première pour lui à l'Opéra de Montréal. La mise en scène sera de Michael Cavanagh. »

DAS RHEINGOLD

À la salle Wilfrid-Pelletier, les 10, 13, 15 et 17 novembre 2018, à 19 h 30

« Ce premier volet de la tétralogie de Wagner sera mis en scène pour la première fois à l'Opéra de Montréal - il a été présenté en version concert il y a 20 ans. Intelligent, ingénieux, rusé, Brian Staufenbiel a estimé que l'orchestre avait tellement d'importance dans le contexte wagnérien qu'il l'a intégré à sa mise en scène et ses décors, ce qui permet un excellent équilibre entre l'instrumentation et les voix. Dans cette optique, la fosse d'orchestre sera libérée et deviendra le Rhin et ce monde souterrain où vit Alberich. Les dieux, eux, seront au-dessus de l'orchestre déplacé sur scène, ils évolueront sur une passerelle. Ainsi, cette approche apporte plein de solutions au défi que représentent la musique et les voix wagnériennes. Wotan sera incarné par la basse-baryton Ryan McKinny, Alberich par la basse-baryton Nathan Berg, Fricka par la mezzo-soprano Aidan Ferguson, Fasolt par la basse Julian Close, Fafner par la basse Soloman Howard, Freia par la soprano Caroline Bleau. Le chef américain Michael Christie dirigera l'Orchestre Métropolitain. »

CHAMPION

À la salle Wilfrid-Pelletier, les 26, 29, 31 janvier et 2 février 2019, à 19 h 30

«  Présentée en première canadienne, c'est l'une des oeuvres les plus intéressantes de notre saison. J'ai assisté d'abord à cet opéra à St. Louis, la scénographie beaucoup plus ample de la production de Washington m'a ensuite permis de l'amener à Montréal. Le sujet est extraordinaire, l'action principale se déroule dans le monde du sport, ce qui est peu commun à l'opéra. Champion se fonde sur un fait historique : dans les années 60, le boxeur Emile Griffith avait asséné un coup fatal à son adversaire, Benny The Kid Paret. Étrangement, pour le champion, la mort accidentelle de son adversaire était beaucoup mieux acceptée que sa bisexualité. Cette oeuvre me semble excitante, car Terence Blanchard, un grand jazzman, saute sur le ring de l'opéra. Il y apporte la liberté du jazz, en donnant la possibilité d'improvisation dans certaines sections de cette musique écrite pour un orchestre symphonique et qui intègre un ensemble de jazz. Cette approche très rythmique engendre une dédramatisation. Même si le sujet est lourd, on passe aisément à travers les étapes de la vie d'Emile Griffith, soit de son enfance jusqu'à sa vieillesse dans une maison de retraite. Certaines scènes sont même légères ou carrément drôles, la trame est dynamique du début à la fin. La mise en scène est de James Robinson, Emile Griffith est personnifié par la basse américaine Arthur Woodley, le jeune Emile Griffith par le baryton-basse Aubrey Allicock, Benny The Kid Paret par le ténor Victor Ryan Robertson. Le chef américain George Manahan dirigera alors l'Orchestre symphonique de Montréal, et je suis très heureux que Trevor Payne [du Montreal Jubilation Gospel Choir] ait accepté de sortir de sa retraite pour travailler avec nous dans ce contexte. »

CARMEN

À la salle Wilfrid-Pelletier, les 4, 7, 9 et 11 mai 2019, à 19 h 30

« Carmen est une oeuvre incontournable que l'on doit présenter une fois par décennie. C'est une voie d'accès à l'opéra, une oeuvre "passeport". Je cherchais toutefois une façon différente de présenter cet opéra, afin qu'il plaise tant aux néophytes qu'à ceux et celles qui l'ont déjà vu. Ayant déjà collaboré avec Charles Binamé pour son film La chanson de l'éléphant, j'ai ressenti dans son cinéma un grand lyrisme, une grande sensibilité. Est-ce que mettre en scène Carmen l'intéresserait, alors ? Je lui ai parlé du projet, il a finalement été convaincu. Ensemble, nous avons découvert une nouvelle Carmen, Krista de Silva. C'est pas compliqué, elle est Carmen ! Il y a chez elle cette force sauvage, cette arrogance qui font de Carmen une femme forte, indépendante, convaincante, séductrice, fascinée par ceux qui lui sont inaccessibles tel don José, qui ne la regarde pas lorsqu'elle sort de la manufacture de tabac. Charles est déjà à l'oeuvre, il rencontre actuellement les solistes (la mezzo-soprano Krista de Silva, le ténor Antoine Bélanger dans le rôle de don José, etc.), les met au fait de sa conception des personnages. Ce sera un opéra signé Binamé, et la direction de l'Orchestre Métropolitain sera assurée par Alain Trudel. »

TWENTY-SEVEN

Au Théâtre Centaur les 23, 24, 26, 28, 30 et 31 mars 2019

« 27 est le numéro de porte du salon parisien que tenaient Gertrude Stein et Alice B. Toklas, rue de Fleurus, salon visité par tous les grands artistes au début du siècle précédent - Picasso, Fitzgerald, Matisse, Hemingway. Cet opéra est présenté dans un contexte un peu surréaliste, moqueur, léger, mais il comporte aussi des moments dramatiques. Cet opéra a été conçu par Ricky Ian Gordon et Royce Vavrek. Ce dernier m'apparaît comme l'un des plus grands librettistes canadiens. J'ai vu cette oeuvre aux États-Unis avec un orchestre de 45 musiciens, mais j'ai demandé à ses créateurs que l'on puisse la présenter à Montréal comme un opéra de chambre. Rick Ian et Royce ont été enchantés par ma proposition ! On présentera donc Twenty-Seven avec les jeunes chanteurs de l'Atelier lyrique, aussi avec le duo que forment la pianiste Marie-Ève Scarfone et le violoncelliste Stéphane Tétreault. La mise en scène sera d'Oriol Tomas, ce sera notre excursion hors des murs de la Place des Arts, c'est-à-dire dans le petit format du Théâtre Centaur. »

L'OPÉRA AU FESTIVAL DU MONDE ARABE

À la salle Pollack de l'Université McGill, le 1er novembre 2018

« Dans notre désir de travailler avec toutes les communautés et zones culturelles qui font de Montréal une ville cosmopolite, nous avons approché le FMA, et nous présenterons conjointement un concert en formule piano-voix à la salle Pollack, soit avec l'extraordinaire soprano Joyce El-Khoury. Elle chante partout à travers le monde et n'a jamais travaillé à l'Opéra de Montréal. C'est pourquoi nous voulons souligner ce métissage en évoquant la rencontre de l'Occident et le Moyen-Orient. »