Dans un mois à peine, les musiciens de l'OSM s'envoleront pour une dixième tournée en Asie. Ils visiteront la Chine et le Japon. Dans leurs bagages, un nouveau disque tout à fait de circonstance: Shoka, ce qui signifie «chants japonais pour enfants». Un album qui tient particulièrement à coeur au chef Kent Nagano.

L'idée d'enregistrer ces chants japonais est née il y a des années, alors que le maestro a entendu sa femme, Mari Kodama, essayer de chanter les shoka de mémoire à leur fille Karin Kei. Par la suite, il allait demander au compositeur français Jean-Pascal Beintus d'en faire l'orchestration. Les shoka ont été donnés en concert pour la première fois ici même à Montréal en 2010.

À l'époque, la Montréalaise Suzie Leblanc était la soliste invitée. Sur cet enregistrement réalisé par la maison de disques québécoise Analekta, c'est la grande soprano allemande Diana Damrau que l'on peut entendre.

Kent Nagano est un sansei, c'est-à-dire un individu d'origine japonaise de la troisième génération à vivre dans un autre pays.

«Ma famille est arrivée aux États-Unis en 1892, cela fait donc plus d'un siècle. Pour ma génération et celle de ma fille, dans le contexte américain, c'est une trop longue période pour que nous ayons pu conserver nos racines culturelles japonaises. En ce qui me concerne, ma grand-mère me gardait quand j'étais petit et elle ne parlait pas anglais du tout. J'ai donc appris les bases de la langue japonaise, mais pas la culture. Quand j'ai entendu ma femme chanter les shoka, c'était étrange, car je ne les avais jamais entendus auparavant.»

Mais en ce qui concerne la préservation d'une partie du patrimoine musical, le chef voit au-delà de son histoire personnelle.

«Mon histoire familiale n'est pas ce qu'il y a de plus important dans la naissance de ce disque. Le plus important, c'est qu'il s'agit d'une occasion de sauver des chants traditionnels qui étaient en voie d'être oubliés.

«Quand j'ai entendu Mari qui essayait de se souvenir avec peine des paroles, j'ai compris que cela voulait dire que d'ici quelques années, peut-être une génération, cette tradition pourrait être complètement perdue. C'est pourquoi nous avons pris la liberté de les faire orchestrer, un peu comme l'avait fait Canteloube en enregistrant les Chants d'Auvergne.»

Tournée

Le lancement du nouveau disque, hier, a été l'occasion pour l'OSM de dévoiler quelques nouveaux détails sur sa tournée. Ainsi, certains de ces chants japonais seront présentés pendant la tournée à l'occasion d'un concert offert à la mémoire des victimes du tremblement de terre de Fukushima, en 2011.

«Ce sera notre dixième visite au Japon et notre première en Chine. Aujourd'hui, il n'y a plus rien d'exceptionnel au fait d'aller jouer en Chine. Ce qui est intéressant, c'est que la Chine a développé un amour incroyable pour la musique classique occidentale. Ils ont construit plusieurs nouvelles salles de concert, et ils sont devenus plus sélectifs dans la sélection des ensembles qu'ils invitent.»

Au total, la tournée, qui aura lieu du 10 au 22 octobre, comprendra neuf concerts, avec quatre solistes différents: le violoniste Ryu Goto, le pianiste Boris Berezovsky - qui joue cette semaine avec l'OSM à la Maison symphonique - et les sopranos Olga Peretyatko et Akie Amou. Le programme de la tournée comprendra des oeuvres de Ravel, Debussy, Moussorgski, Stravinski, Prokofiev et Richard Strauss. En plus de diriger les concerts, Kent Nagano visitera des écoles à Tokyo et à Pékin, où se dérouleront des répétitions ouvertes et des cours de maître.

Le public pourra suivre les aventures de l'OSM en lisant le blogue de la tournée sur le site de l'orchestre.