Petits enfants perdus dans la forêt, maison de pain d'épice et vilaine sorcière: nous voilà bien dans un conte. Ajoutons-y de la musique, cela devient un opéra: Hänsel et Gretel, du compositeur Engelbert Humperdinck. Avec une touche de cirque en plus, voilà la nouvelle production de l'Atelier lyrique de l'Opéra de Montréal, présentée à Wilfrid-Pelletier à compter de samedi soir.

Pour cette oeuvre qui demande une touche magique, l'Atelier lyrique s'est associé à l'École nationale de cirque, dont les artistes prendront part au spectacle. Pour bien marier ces deux univers, on a fait appel au metteur en scène Hugo Bélanger, un habitué du mélange des genres.

Directeur artistique de Tout à Trac, compagnie de théâtre qui utilise des marionnettes dans ses spectacles tous publics, Hugo Bélanger a travaillé avec le Cirque du Soleil pour la présentation du spectacle d'ouverture du pavillon du Canada à l'Exposition universelle de Shanghai, en 2010. Deux ans plus tard, il a réalisé la mise en scène de Beethoven habite à l'étage pour le volet jeunesse de l'OSM.

C'est sa première participation à un opéra.

«Quand on ajoute des artistes de cirque à d'autres formes d'art, on court le risque que cela ait l'air forcé, dit Hugo Bélanger. Avec une musique d'opéra, tout est minuté. On ne peut évidemment changer la musique pour ajouter des scènes. Il fallait donc trouver un moyen pour que ces numéros fassent partie de l'histoire et que la présence des artistes de cirque semble naturelle.»

Sa solution: faire de ces artistes de cirque des enfants qui sont prisonniers de la sorcière.

«La sorcière est entourée d'une armée de créatures qui sont des enfants à moitié transformés en bonbons, dit-il. C'est une relecture qui ne contredit pas l'histoire originale, mais qui ajoute quelque chose. Cela permet aux artistes de cirque de contribuer au récit.»

Comme dans un livre

«Il y a eu bien des versions très réalistes et modernes d'Hänsel et Gretel depuis quelques années. J'ai voulu revenir à l'idée du conte, du magique et du merveilleux. Ma mise en scène est un hommage au conte des frères Grimm.»

Pour lui, les contes pour enfants ont une autre fonction que le simple divertissement. Ils jouent un rôle dans l'apprentissage de la vie.

«Quand on lit les contes dans leur version originale, ils ont, pour la plupart, un aspect sombre. La peur fait partie de l'apprentissage. Dans les versions à la Disney, on évacue cette notion. Pourtant, l'enfant a besoin de la peur pour apprendre à reconnaître ce qui est dangereux.»

La mise en scène rend hommage au pouvoir des mots, des livres et de l'imaginaire, explique le metteur en scène.

«L'idée est de faire comme si le public était devant un grand livre et allait entrer dans le conte. Au début, Hänsel et Gretel sont coincés dans leur maison. Quand la mère les expulse, ils se retrouvent dans une forêt de livres et ils arrivent à la page de la maison de la sorcière. On a ajouté une couche symbolique, mais l'histoire demeure facile à suivre. Au lieu de représenter une forêt, on représente le fait d'entrer dans une histoire.»

Distribution

Dans les rôles d'Hänsel et de Gretel, on retrouve Emma Char, mezzo, et Frédérique Drolet, soprano. Les autres chanteurs sont France Bellemare (Gertrud, la mère), Cairan Ryan (Peter, le père), Rachèle Tremblay (la sorcière) et Florie Valiquette (La Fée rosée et le Marchand de sable). Des musiciens de l'Orchestre métropolitain assurent la partie instrumentale sous la direction du chef Alain Trudel.

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L'oeuvre est en allemand, avec surtitres anglais et français. À la salle Wilfrid-Pelletier les 22, 25, 27 et 29 mars, 19 h 30.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Les dessins qui ont servi à l'élaboration des costumes.