Une production de Tannhäuser de Richard Wagner transposant cet opéra romantique à la mode nazie a été retirée de l'affiche, le réalisme de certaines scènes ayant provoqué des malaises, a-t-on appris jeudi auprès de l'opéra de Düsseldorf, dans l'ouest de l'Allemagne.

L'opéra «était conscient d'emblée» que le concept et la transposition du Tannhäuser du metteur en scène Burkhard Kosminski «feraient débat», a expliqué l'établissement dans un communiqué publié sur son site internet.

«Mais c'est avec la plus grande stupeur que nous constatons que certaines scènes, en particulier les scènes très réalistes d'exécution, ont provoqué chez de nombreux spectateurs une réaction visiblement trop importante sur le plan tant physique que psychique, qui les a conduit à consulter un médecin», poursuit la direction.

Elle explique ne pas pouvoir continuer à proposer cette oeuvre dans son intégralité et avoir décidé de ne la présenter à partir de jeudi qu'en version de concert, le metteur en scène ayant refusé d'amender sa création.

L'une des scènes incriminées montre une famille se faire déshabiller, raser puis abattre par des sbires nazis, ont rapporté les médias allemands.

Le Venusberg où se déroule l'opéra, symbole dans l'oeuvre de Wagner de l'amour hédoniste, a été transformé en lieu de crime nazi par M. Kosminski, ce qui a provoqué des huées du public au bout de 30 minutes de représentation lors de la première.

Wagner était certes un «antisémite ardent», «mais il n'avait rien à voir avec l'Holocauste», avait réagi auprès de l'agence allemande dpa Michael Szentei-Heise, chef de la communauté juive de Düsseldorf. Il avait jugé l'adaptation «de mauvais goût», sans pour autant réclamer son annulation.

Richard Wagner (1813-1883) est à l'honneur dans le monde entier cette année, qui marque le bicentenaire de sa naissance.