L'Académie internationale de Quatuor à cordes de McGill a entrepris sa troisième année d'existence dimanche soir par un concert marquant les débuts ici du Quatuor Endellion, de Londres. Malgré le peu d'information que la direction avait communiquée aux médias, l'assistance était substantielle à Pollack Hall. On s'étonne surtout que le Ladies' Morning Musical Club et Pro Musica, nos deux organismes spécialisés, n'aient jamais présenté ici ce quatuor très connu et tout à fait exceptionnel.

Le Endellion a été constitué en 1979. Certains ouvrages de référence indiquent que les membres actuels sont ceux de la formation originale. Cela est vrai, sauf dans un cas. Le poste de second-violon fut d'abord occupé par une femme, Louise Williams. Ralph de Souza, l'actuel second-violon, l'a remplacée en 1986. Mais les trois autres sont des ouvriers de la première heure: Andrew Watkinson, premier-violon, Garfield Jackson, alto, et David Waterman, violoncelle.

Détail intéressant de petite histoire: l'altiste Jackson a d'abord travaillé le violon, à 7 ans, avec l'altiste britannique Beryl Morreau, mère de l'épouse de Joseph Rouleau, Renée, et il joue présentement sur l'alto ayant appartenu à Mme Morreau. Ce qui explique la présence de Joseph Rouleau et sa femme dimanche soir au concert.

Le Endellion est un quatuor de première grandeur: précision, clarté de l'articulation et beauté du son marquent à la fois le jeu individuel et la stimulante conversation des quatre coéquipiers. Du Haydn d'entrée, op. 76 no 1, on retient principalement un Adagio parfaitement «sostenuto», de la première à la dernière note, et l'éclat inhabituel du premier-violon isolé de ses voisins dans le Trio du Menuet.

Le groupe britannique a choisi une oeuvre de son pays: le troisième et dernier Quatuor de Britten, en cinq mouvements, dont il souligne avec une rare insistance les mystérieuses sonorités annonciatrices de la mort.

Le deuxième Razoumovsky de Beethoven suit l'entracte. L'ambitus entier du quatuor, depuis l'aigu du violon jusqu'au grave du violoncelle, traduit l'angoisse qui habite le mouvement lent. Les musiciens prolongent cette étrange impression dans un Scherzo plus troublant que comique et dans un Presto final traversé comme une course folle.

Excellent, ce Quatuor Endellion. Audacieux aussi, puisqu'il a révélé des aspects insoupçonnés de ces Haydn, Britten et Beethoven que l'on croyait connaître.

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QUATUOR À CORDES ENDELLION - Andrew Watkinson et Ralph de Souza (violons), Garfield Jackson (alto) et David Waterman (violoncelle). Dimanche soir, Pollack Hall de l'Université McGill. Dans le cadre de l'Académie internationale de Quatuor à cordes de McGill.

Programme:

Quatuor no 75, en sol majeur, op. 76 no 1, Hob. III : 75 (1797) - Haydn

Quatuor no 3, op. 94 (1975) - Britten

Quatuor no 8, en mi mineur, op. 59 no 2 (1806) - Beethoven