La critique française est unanime: la rencontre entre le réalisateur et metteur en scène François Girard et le directeur musical Kazushi Ono, chef permanent de l'Opéra de Lyon, engendre une production d'une immense beauté.

«François Girard et Kazushi Ono signent un Wagner d'une beauté à couper le souffle», écrit Le Progrès. «Le metteur en scène oeuvre par plans cinématographiques particulièrement efficaces...», ajoute Le Monde. «Un beau Parsifal, fragile et émouvant», note Le Figaro.

Depuis le 9 mars et jusqu'à dimanche, le réalisateur et metteur en scène québécois présente à Lyon une nouvelle production de l'opus ultime de Richard Wagner, Parsifal.

Le créateur se frotte à un univers et à un langage qu'il connaît déjà, même s'il avoue se mesurer cette fois à un «monstre» théâtral et musical.

«Wagner est une somme, et Parsifal est la synthèse de tous les courants de pensée qui l'ont influencé, de toutes les avenues spirituelles qu'il a envisagées au cours de sa vie, dit-il. Quand il écrit Parsifal, il arrive déjà au soir de sa vie. Il tente de réconcilier son attachement au christianisme, ses tentations bouddhistes, avec un certain nihilisme venu de Nietzsche.»

Regard sur notre société

François Girard ne semble pas préoccupé outre mesure par la dimension purement politique ou historique d'une oeuvre difficile, dont la richesse musicale ne rachète pas une dramaturgie énigmatique. Sa proposition, limpide, est néanmoins audacieuse.

Le lever de rideau dévoile un décor sombre, apocalyptique et intemporel. Le ton est donné. Ce Parsifal moderne se joue sur une planète desséchée, dont la vie est en train de se retirer. Au fil de la musique, le recoupement devient évident, incontournable: c'est bien notre monde, notre société que Girard met en scène, notre planète combattant un réchauffement global qui s'accentue de jour en jour.

Au-delà du conte philosophique, le metteur en scène a trouvé une façon originale et éloquente de raconter quelque chose sur notre époque par le truchement d'un chef-d'oeuvre du passé. Si Wagner pose des questions existentielles avec son dernier opéra, les réponses, elles, sont moins claires. Il y a bel et bien une promesse de rédemption au bout de la route. Parsifal/Perceval, transfiguré par l'expérience de l'amour, retrouve le chemin du Graal et libère l'humanité de sa servitude.

Le spectacle est porté par certaines des plus grandes voix de l'heure (le ténor Jonas Kaufmann en tête). Il ne faudra pas rater la première new-yorkaise, au Metropolitan Opera, en février 2013.