Initiative de l'Institut du cancer de Montréal, le «Concert contre le cancer» en est à sa cinquième année mais à sa première dans la nouvelle Maison symphonique.

L'événement, à la fois caritatif, mondain et culturel, a fait salle comble (environ 2 000 personnes) et a rapporté 550 000 $.

Somptueusement habillée et tout sourire, la soprano d'origine haïtienne Marie-Josée Lord était la vedette du concert. Une seconde soliste y participait : la jeune violoniste Marie-Ève Poupart. Et, cette année encore, l'Orchestre Métropolitain était en scène, avec un nouveau chef, Stéphane Laforest, qui vient de terminer son mandat de deux ans comme premier assistant de Kent Nagano à l'OSM... en attendant de retourner à l'OSM comme chef invité le 2 mars.

Au micro, M. Laforest a annoncé l'«extraordinaire» Marie-Josée Lord et la «très bonne» Marie-Ève Poupart.

Le répertoire de Marie-Josée Lord n'est manifestement pas très étendu. En effet, elle a repris une bonne partie du programme qu'elle présentait en février de l'an dernier avec Alain Trudel et l'OM, dans le cadre de Montréal en Lumière, soit la Habanera de Carmen, les grands airs de La Wally et de La Traviata et le Summertime de Porgy and Bess. Sans doute qu'en février de l'an prochain, si l'occasion se présente, ce sera encore la Habanera et le reste. La chanteuse a cependant eu la décence d'inclure quelques nouveautés : l'air de La Veuve joyeuse et une chanson de Vigneault. Rappelée par la foule debout, elle ajouta deux rappels : un extrait de l'innommable Starmania et un negro-spiritual.

Pour l'ensemble, la voix (étrangement amplifiée) est belle et bien conduite, et ce, jusque dans les difficiles fioritures de l'air de Verdi. J'ai quand même beaucoup de réserves : aigu souvent forcé, trémolo intermittent, diction parfois confuse, effets de voix inutiles, maniérismes et, par-dessus tout, absence d'expression authentique. Marie-Josée Lord m'a déjà ému. Cette fois, aucunement.

Quant à la «très bonne» violoniste, elle a joué les deuxième et troisième mouvements (enchaînés) du Concerto de Mendelssohn comme une bonne élève qui, un jour, sera peut-être une bonne musicienne de rang. Mais elle n'a pas la personnalité d'une vraie soliste et ne joue pas toujours parfaitement juste.

En fin de compte, le meilleur de ces deux longues heures nous est venu de l'Orchestre Métropolitain. D'une énergie et d'une plénitude sonore égales à celles de son célèbre concurrent -- dans ces pages d'opéra, en tout cas --, l'OM possède par ailleurs des premiers-pupitres de tout premier ordre. On en a entendu quelques-uns : le hautbois, la flûte, la clarinette. Jusqu'au violoncelle qui, cette fois, a joué très juste le solo de La Traviata qu'il avait joué très faux l'an dernier.

CONCERT CONTRE LE CANCER. Orchestre Métropolitain. Chef invité : Stéphane Laforest. Marie-Josée Lord, soprano, Marie-Ève Poupart, violoniste. Vendredi soir, Maison symphonique, Place des Arts. Bénéfice, Institut du cancer de Montréal.

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