C'était programme «latino» hier après-midi à l'Orchestre Métropolitain. Une idée qui en vaut bien d'autres et qui avait attiré une salle presque comble à la Maison symphonique, à une heure où cinq autres concerts figuraient au calendrier.

On ne sait trop pourquoi, Alain Trudel, le chef invité, modifie l'ordre du programme et dirige d'abord la première Sinfonietta du Brésilien Heitor Villa-Lobos, ensuite la quatrième Symphonie du Mexicain Carlos Chavez. Chavez l'a sous-titrée Romantique, tout comme Bruckner avant lui pour sa propre quatrième. Mais la ressemblance s'arrête là.

Chavez, comme Villa-Lobos d'ailleurs, ne compte certainement pas parmi les compositeurs importants de l'histoire. Quelques titres de l'un et de l'autre suffisent. Les deux musiciens savent écrire et savent orchestrer, aucun doute là-dessus. Hélas! ils n'ont rien (ou pas grand-chose) à dire. Par-dessus tout, il manque à leur langage cette extraordinaire force mélodique qui fait de Beethoven ce qu'il est - pour citer l'exemple le plus patent. Avec Chavez, Villa-Lobos et quelques milliers d'autres, nous tombons à un niveau très inférieur, au royaume des petits maîtres.

Quand même, il était intéressant d'entendre ces pages... une fois. Je ne connaissais pas la pièce de Villa-Lobos - l'une des quelque 1 000 qu'il a laissées! Du Chavez, il existe un enregistrement de 1958 dirigé par l'auteur. Trudel a fait aussi bien. Même chose pour l'OM, qui sonnait magnifiquement hier, notamment chez les cordes bien unifiées.

On complétait ce programme sud-américain avec une dizaine de tangos groupés en deux blocs. L'OM s'y adjoignait le populaire Quartango, devenu quintette par l'addition d'une percussion au quatuor piano-bandonéon-violon-contrebasse, ainsi que deux danseurs spécialisés dans le genre: la très belle et très souple Roxana Callegari et l'élégant Fabian Belmonte.

Genre très particulier, le tango mêle, tout à la fois, mélancolie, noblesse, mystère et sensualité. Ce curieux mélange, les interprètes d'hier nous l'ont fait apprécier au plus haut point. La salle était manifestement plus sensible à ce message qu'à celui, plutôt vide, de MM. Villa-Lobos et Chavez. À 18h12, à l'auditoire qui en demandait encore, René Gosselin, le pittoresque contrebassiste de Quartango, fit savoir, en riant, que le groupe avait préparé deux rappels!

ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN et QUARTANGO

Chef invité: Alain Trudel.

Hier après-midi, Maison symphonique de Montréal.

Programme: Sinfonietta no 1 (1916) - Villa-Lobos Symphonie no 4 (Romantica) (1953) - Chavez Tangos avec danseurs