Nos Musici ont entrepris leur 27e saison en septembre avec quelques concerts de leur série «diurne», salle Tudor, mais c'est cette semaine seulement qu'ils abordent leur plus importante série du soir. Le premier programme marque un retour à l'ancienne formule des concerts doubles; il comporte aussi d'autres éléments de nouveauté et même de surprise.

L'orchestre de 15 musiciens entre à son tour à la salle Bourgie, mais sans son chef-fondateur, Yuli Turovsky ayant quitté son poste pour raisons de santé. Sa femme Eleonora, violon-solo depuis le début, a quitté l'orchestre elle aussi. Même chose pour leur fille Natasha, violoniste, et pour Costantino Greco, contrebassiste.

Le présent concert est confié à un chef invité complètement inconnu, l'Américain Stephen D'Agostino, dans ses débuts à Montréal. Concernant les 15 cordistes, ils sont tous encore là, sauf que l'intrépide Julie Triquet a pris la place de Mme Turovsky. En fait, il n'y a qu'un nouveau visage : Yannick Chênevert à la contrebasse.

Ce premier programme de «grande série» se veut à caractère tzigane et, dans le genre, il est réussi. Le premier compositeur au menu est l'obscur Leo Weiner, Hongrois mort en 1960, et dont la présence peut s'expliquer ainsi: Weiner fut le professeur de Sir Georg Solti et la notice biographique de M. D'Agostino donne celui-ci comme assistant de Solti.

Quoi qu'il en soit, la musique de Weiner est bien écrite et agréable, le chef invité la fait bondir généreusement et le petit orchestre à cordes sonne à Bourgie avec plus de fraîcheur qu'à Pollack ou à Maisonneuve.

Le chef invité apporte le même relief, et l'orchestre la même virtuosité, aux danses de Bartok et de Brahms. On notera que les trois Brahms ne suivent pas l'ordre du programme imprimé. Détail plus important: Kerson Leong, le petit prodige du violon de 13 ans, d'Ottawa, s'en tient au seul premier mouvement du Concerto op. 6 de Paganini, comme il avait d'abord été annoncé. Pourtant, le programme indique que le concerto est complet.

Jouant sur un Vuillaume de 1845-6 prêté par la Fondation Canimex, le petit Leong confirme ici les étonnantes qualités révélées en 2009 au concert des lauréats du Concours de musique du Canada. Dans le Paganini, la richesse de sa corde de sol fait oublier un suraigu parfois forcé. Par contre, je donne 10 sur 10 à ses Zigeunerweisen. Technique, vitesse, précision, phrasé caressant, sons filés : on dirait un violoniste de carrière.    

Pour le Paganini, il a choisi la cadence de Carl Flesch. En rappel, il joue l'Andante de la Sonate en la mineur, BWV 1003, de Bach. Le chef invité y va lui aussi d'un rappel: Pizzicato Polka de Johann Strauss, assortie des charmants petits «arrêts» d'usage.

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I MUSICI DE MONTRÉAL. Chef invité: Stephen D'Agostino. Soliste: Kerson Leong, violoniste.

Mercredi soir, salle Bourgie du Musée des beaux-arts.

Programme:

Divertimento no 1, op. 20 (1923) - Weiner

Premier mouvement (Allegro maestoso) du Concerto pour violon et orchestre no 1, en ré majeur, op. 6 (1817-18) - Paganini

Danses populaires roumaines, Sz. 68 (1915-17) - Bartok

Zigeunerweisen pour violon et orchestre, op. 20 (1878) - Sarasate

Trois Danses hongroises - Brahms