À seulement 31 ans, Alexandre Da Costa en est déjà à son seizième disque. Mais pour lui, Fire and Blood n'est pas un album comme les autres. Il marque son premier enregistrement avec l'OSM et sa première collaboration avec Warner Classics. C'est aussi l'occasion de diffuser un concerto devenu pour lui une oeuvre fétiche, qu'il est déterminé à faire connaître partout.

L'enregistrement a eu lieu à Montréal, à la salle Wilfrid-Pelletier. C'était en novembre 2009. Ceux qui étaient là s'en souviennent: Fire and Blood, concerto pour violon de l'Américain Michael Daugherty, entendu pour la première fois ici, avait soulevé l'enthousiasme du public. Disons-le: ce succès, on pouvait certainement l'attribuer en grande partie à l'interprétation passionnée du violoniste montréalais!

«C'est une oeuvre dans laquelle je me sens tellement engagé que je peux convaincre le public, dit-il. En concert, c'est toujours un grand succès. C'est une écriture moderne, mais proche du public, tonale, compréhensible, qui incorpore des éléments de musique mexicaine et folk. Le compositeur s'est inspiré de murales du peintre mexicain Diego Rivera. Ça se situe quelque part entre la musique de film et la musique contemporaine, et c'est une bonne introduction à la musique moderne pour quelqu'un qui n'y est pas habitué.»

Michael Daugherty, joint par La Presse au téléphone, décrit son travail de compositeur un peu comme celui d'un metteur en scène. «Si vous dirigez un film sur la vie de Diego Rivera et Frida Kahlo, vous choisissez des costumes typiques de leur époque. Avec mon concerto, j'ai travaillé selon ce principe, en utilisant une ornementation musicale qui évoquerait la musique mexicaine. J'ai même écouté jouer des mariachis pour m'inspirer. Ce genre de travail est nécessaire si on ne veut pas écrire un concerto qui ressemble à tous les autres. Beaucoup de concertos composés aujourd'hui ne sont joués qu'une fois, et ensuite oubliés. J'ai voulu composer une oeuvre qui dure.»

Et s'il n'en tient qu'à Alexandre Da Costa, Fire and Blood vivra longtemps!

Depuis deux ans, il a joué le concerto à maintes reprises en Europe, et s'apprête à le jouer une dizaine de fois aux États-Unis au cours de la prochaine saison. «Chaque fois que je collabore avec un chef pour la première fois, j'essaie de le convaincre de le jouer, dit-il. J'en suis enfin à une étape de ma carrière où je peux commencer à choisir davantage mon répertoire de concert, et cette oeuvre était exactement ce qu'il me fallait à ce moment-ci.»

Nouvelle étiquette

Le disque est également l'occasion d'un nouveau projet: le lancement de l'étiquette Acacia Classics, une coopérative qu'il a formée avec d'autres musiciens, dont le pianiste Wonny Song et le chef d'orchestre Jean-François Rivest. Ailleurs dans le monde, le disque est sous étiquette Warner Classics.

«Warner a permis à ce projet de voir le jour, mais le Canada, pour eux, c'est un tout petit marché, explique-t-il. Or, au Québec, on a une expertise avec des maisons comme Atma et Analekta qui font un excellent travail. J'ai insisté pour avoir une étiquette locale en leur expliquant que ce serait une meilleure façon de pousser le disque, avec Universal pour assurer la distribution au Canada.»

D'autres disques sont en gestation avec Acacia, notamment, l'enregistrement des trois sonates pour piano et violon de Brahms avec Wonny Song. «Acacia va produire peu de disques, peut-être quatre ou cinq par an, mais ce seront des projets triés sur le volet», dit celui qui se décrit comme un passionné des enregistrements. «Les disques sont essentiels dans la carrière d'un musicien, car ils jalonnent sa trajectoire à long terme et donnent un aperçu de son évolution. Les concerts sont ce qu'il y a de plus important, mais ils sont éphémères. Un disque dure toute la vie.»

Classique

Alexandre Da Costa

Fire and Blood

Acacia Classics