Le premier concert de la nouvelle année nous vient de Kent Nagano et l'Orchestre Symphonique de Montréal. Nagano y reprend la neuvième Symphonie de Schubert qu'il avait programmée à son deuxième concert ici, en janvier 2003 (il avait consacré son tout premier concert, en mars 1999, à une autre neuvième, celle de Mahler).

De ce Schubert déjà vieux de huit ans, j'avais gardé le meilleur souvenir pour ce qui concerne, tout à la fois, la pensée qui l'animait et la réponse de l'orchestre. Ce n'est plus tout à fait le cas cette fois. Le premier mouvement piétine, la musique ne semble aller nulle part, on est même heureux que Nagano omette la très longue reprise (26 pages de partition Eulenburg!). Quelques idées pointent dans l'Andante au rythme de marche, qu'il mène tel qu'indiqué, «con moto», c'est-à-dire «allant». On note cependant quelques ritardandos improvisés et on relève quelques faiblesses dans l'orchestre. Ainsi, Baskin ne joue pas le solo de hautbois avec sa perfection habituelle.

Le Scherzo et le Finale sont pris dans un tempo très juste. Dans les deux cas, Schubert écrit «vivace» et, dans les deux cas, Nagano dirige «vivace». Parfait. Néanmoins, la réponse de l'orchestre n'est pas totalement convaincante, la sonorité collective n'a pas cette luminosité à laquelle nous sommes maintenant habitués. On ne regrette donc pas que le chef omette aussi la très longue reprise au Finale - ce qui n'empêche pas son Schubert de durer près d'une heure.

Midori devait jouer le Hindemith, qu'elle a, sans fournir de raison, remplacé par le Beethoven. Là encore, on assiste à une reprise puisque la violoniste avait joué le même concerto à l'OSM en mai 1994.

Midori (de son vrai nom Midori Goto) aura 40 ans cette année. Je n'oublierai jamais ses éclatants débuts à l'OSM, en 1986, à 14 ans. Lorsque paraîtront ces lignes, j'aurai déjà oublié son exécution de mercredi soir, comme j'avais complètement oublié celle de 1994. L'ex-enfant prodige n'est décidément plus ce qu'elle était. Le son est petit, parfois même si petit que Nagano doit réduire l'orchestre au quasi-silence pour qu'on entende le violon. Par ailleurs, il est rare que l'intonation soit parfaitement au point (ce n'est jamais faux, mais ce n'est jamais très juste...). Les cadences de Kreisler sont plutôt bien jouées, mais le mouvement lent est maniéré à souhait, l'ensemble du discours est vide et les tousseurs venus en force achèvent d'étouffer le peu que la frêle violoniste avait à dire.

ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre : Kent Nagano. Soliste : Midori, violoniste. Mercredi soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Série Grands Concerts.

Programme:

Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 61 (1806) - Beethoven

Symphonie no 9, en do majeur, D. 944 (1825-26) - Schubert