Le Gala de l'Opéra de Montréal était modeste cette année: 14 chanteurs et chanteuses, principalement d'ici, et trois heures de durée, présentations et entracte compris.

Modeste, donc, ce 15e concert-bénéfice, mais d'une qualité assez égale, sans grandes révélations, sans cruelles déceptions non plus.

Des 14 participants, 10 sont du Canada et tous ont déjà chanté à l'OdM, à l'exception de Chantal Dionne. Les quatre autres sont des étrangers qui y faisaient leurs débuts, sauf l'Américaine Susan Patterson.

Quelqu'un me demandait à l'entracte s'il s'agissait là d'un concours. Pas officiellement, mais c'est tout comme : chacun cherche à être meilleur que l'autre, ce qui est tout à fait normal, et chacun espère être invité, ou réinvité, à chanter à l'OdM.

Dans ce contexte, qui donc retenir parmi ces 14 chanteurs et chanteuses? J'ai six noms, soit cinq femmes et un homme. Quatre sont d'ici; les deux autres, des États-Unis.

Je place les six plus ou moins ex aequo et les considère donc par ordre alphabétique : Julie Boulianne, Étienne Dupuis, Manon Feubel, Marie-Josée Lord, Dana Beth Miller, Susan Patterson. On n'aurait entendu que ces six-là et on serait comblé.

Julie Boulianne: un mezzo clair et léger qui a bien servi un «Non più mesta» très ornementé de La Cenerentola.

Étienne Dupuis: un baryton qui s'affirme de plus en plus, comme chanteur et comme comédien - comme musicien aussi.

Manon Feubel: une grande voix qui continue de s'épanouir et, même dans les limites du concert, une réelle présence scénique. On souhaite que l'OdM lui offre bientôt un grand rôle digne de son talent.

Marie-Josée Lord: une Nedda et une Santuzza à la voix très expressive et un duo très vécu avec Étienne Dupuis.

Dana Beth Miller: une nouvelle venue, des États-Unis; une voix de mezzo plus musclée que la jeune Boulianne et idéale pour les personnages dramatiques qu'elle interprète.

Susan Patterson: déjà applaudie ici maintes fois. Elle montre plus de métier que la plupart des autres, tant comme vocaliste que comme comédienne, et avait choisi la grande scène de Nabucco et le duo de La Gioconda (avec Miller), qui la mettaient en valeur.

Sans distinction particulière et sans défaut majeur: ainsi se présentent la plupart des autres.

La salle Wilfrid-Pelletier était remplie à 85 pour cent. Paul Nadler, chef au Met, dirigeait l'Orchestre Métropolitain et le Choeur de l'OdM. Dans l'ensemble, du bon travail, malgré quelques flottements ici et là.

Gabrielle Lavigne, mezzo et pédagogue, était la personnalité intronisée cette année au Panthéon canadien de l'art lyrique.

Suivant la tradition, on termina sur le Brindisi de La Traviata et le traditionnel White Christmas arrosé de confettis tombant du plafond.

______________________________________________________________________________

15e GALA DE L'OPÉRA DE MONTRÉAL. Hier après-midi, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.