Martin Robidoux complétait hier à Montréal, sa ville natale, une tournée de 19 exécutions des Variations Goldberg de Bach dans autant de villes du Québec et des Maritimes faisant partie du circuit des Jeunesses Musicales du Canada.

En un peu plus d'un mois, le jeune claveciniste avait donc joué 18 fois la fameuse suite de 30 variations qui tient en un peu plus d'une heure. Cet équivalent de 18 répétitions aurait dû produire une 19e et dernière lecture parfaitement en place et pleinement convaincante. Ce ne fut pas le cas. Nous avons assisté à l'exercice public d'un élève de conservatoire doué mais nerveux... encore nerveux après 18 récitals.

Il est vrai que M. Robidoux ne jouait pas dans les conditions les plus faciles. Le clavecin utilisé pendant toute la tournée - un Yves Beaupré à deux claviers, copie d'un Rückers de 1624 - perdit l'un de ses becs à la variation 7, ce qui obligea le facteur, présent au récital, à courir sur scène pour remplacer l'objet. L'incident indisposa manifestement le claveciniste, qui s'y prit par deux fois pour attaquer la variation suivante.

Le récital était donné dans l'obscurité, en accord, sans doute, avec la légende voulant que les Goldberg furent commandées par un mélomane insomniaque qui meublait ainsi ses nuits blanches. Seul le clavecin était éclairé, M. Robidoux jouant avec la partition devant lui. Or, à la variation 22, une panne d'électricité vint obscurcir jusqu'au clavecin lui-même. Brève, cette panne, mais suffisante pour déstabiliser.

Ces problèmes mis à part, qu'est-il resté de cette présentation? Une reproduction du texte généralement fidèle et presque sans fausses notes, y compris dans les rapides croisements de mains, quelques idées expressives dans les variations les plus marquantes (par exemple, la chromatique 25e, la plus longue de toutes et l'une des rares en mineur), une légère variante d'agogique ou d'ornementation dans une reprise, choses tout à fait souhaitables, mais aussi, à regret, l'élimination d'un trop grand nombre de reprises, une préférence trop marquée pour les tempi lents, une légère tendance au maniérisme et, finalement, une approche globale sans unité.

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MARTIN ROBIDOUX, claveciniste. Hier soir, Maison des JMC. Programme: Air avec 30 variations pour clavecin à deux claviers (Variations Goldberg), BWV 988 (1742) - J. S. Bach