L'Orchestre Symphonique de Montréal a son «Cycle Mahler», comme l'Orchestre Métropolitain a son «Cycle Mahler». Les deux intégrales se déroulent dans la même salle Wilfrid-Pelletier, mais selon des agencements différents.

Cette semaine, Kent Nagano et l'OSM entreprennent l'exécution des Symphonies nos 1, 5 et 6 réparties en sept concerts du mois d'octobre. Première phase: la cinquième Symphonie, donnée hier soir et reprise ce soir (cette fois avec diffusion en direct à Radio-Canada).

Nagano a dirigé plusieurs Mahler depuis son arrivée à l'OSM. En fait, c'est avec un Mahler, la neuvième Symphonie, qu'il y fit ses débuts, le 23 mars 1999. Mais c'est la première fois qu'il dirige ici la cinquième.

Comme c'est presque toujours le cas lorsque Mahler est à l'affiche, la scène est pleine à craquer: musiciens et instruments occupent tout l'espace. Comme on pense bien, la salle est comble elle aussi. Et le résultat musical est en accord avec cette immensité.

Encore une fois, Mahler nous plonge dans un univers bruyant, coloré, délirant, et Nagano s'applique à reproduire cet univers en poussant tout l'orchestre et ses composantes à leurs limites. Les cuivres et les percussions dominent l'événement avec un éclat inusité, le contrepoint est lu avec relief et, tout en contraste, l'Adagietto - le fameux Adagietto du cinéma - fait chanter les chaleureuses cordes seules, avec la harpe.

Nagano étend l'exécution entière à 79 minutes, alors que la plupart des chefs y prennent entre 70 et 75 minutes. Il faut attribuer la différence de durée à des tempi plus modérés que précipités - pour le Scherzo, par exemple - et aux deux pauses que fait Nagano. Après le deuxième mouvement, la partition indique un long arrêt et Nagano fait cet arrêt. Mais il fait un autre long arrêt après l'Adagietto, alors que la partition prescrit de passer immédiatement au finale.

La violoniste allemande Anne-Sophie Mutter monopolise la première moitié du concert avec deux oeuvres écrites pour elle et qu'elle a enregistrées. Les 10 minutes de Sur le même accord, de Dutilleux, passent aussi inaperçues que l'accord de six notes qui, nous dit le programme, est le point de départ de cette pièce insignifiante.

In tempus praesens, de la Russe Gubaïdulina, dure trois fois ce temps: 31 minutes. En fait, cela est tellement long qu'il en reste forcément quelque chose, principalement des envolées assez vertigineuses du violon au suraigu et quelques idées très fortes à l'orchestre - par exemple, ces interjections violentes, répétées je ne sais plus combien de fois, de toutes les cordes graves, les violons étant absents de cette partition.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre: Kent Nagano. Soliste: Anne-Sophie Mutter, violoniste. Hier soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts; reprise ce soir, 20 h. Série Signature. (Radiodiffusion en direct du concert de ce soir à Radio-Canada.)

Programme:

Sur le même accord, pour violon et orchestre (2001-02) - Dutilleux

In tempus praesens, pour violon et orchestre (2006-07) - Gubaïdulina

Symphonie no 5, en do dièse mineur (1901-04) - Mahler