C'est une autre bonne année pour le National Youth Orchestra of Canada, si j'en juge par son concert d'hier soir à la Basilique Notre-Dame.

Né en milieu anglophone il y a 50 ans, l'orchestre d'été à mission pédagogique est devenu officiellement bilingue avec les années. Mais le nom Orchestre National des Jeunes du Canada est apparu après l'original; il demeure une traduction et est rarement utilisé.

Le National Youth - l'appellation la plus courante - effectue présentement sa tournée annuelle, qui comprend 12 villes dont, obligatoirement, Montréal, à laquelle s'ajoute cette fois Saint-Jovite dimanche soir.

La formation 2010 rassemble 94 garçons et filles, de 16 à 28 ans, dont 22 sont du Québec. La province la plus fortement représentée est l'Ontario, avec 38 sujets.

Jacques Lacombe, chef invité pour une quatrième année, a lui-même annoncé un changement au programme. La pièce canadienne promise, Perpetual Summer, de Kati Agocs, native de Windsor, Ont., dut être omise. La raison : l'énorme percussion qu'elle requiert n'entrait pas dans le sanctuaire où avaient pris place les 94 musiciens. Du même coup, on élimina l'ouverture de Chostakovitch annoncée et on remplaça les deux pièces par l'Ouverture de Tannhäuser.

Le reste du programme est demeuré inchangé. Dirigeant, à son habitude, le concert entier de mémoire, Jacques Lacombe montra à la fois la plus entière connaissance des partitions abordées et le plus total contrôle de l'orchestre en tant qu'instrument de son interprétation.

Son Don Juan de Strauss n'est pas aussi déchaîné et bruyant que celui de Pittsburgh samedi soir à Lanaudière: il est plus nuancé. D'ailleurs, il n'est pas question pour le jeune orchestre de vouloir rivaliser avec l'aîné à ce niveau de virtuosité! Comme tel, ce Strauss restait parfaitement défendable: très en place, malgré les problèmes de coordination que pose la partition, et toujours musical et expressif.

Même chose pour Shéhérazade, la vaste suite en quatre mouvements de Rimsky-Korsakov. Lacombe laisse les premiers-pupitres respirer (violon-solo pas toujours très juste cependant, mais étincelante synchronisation des flûtes); il confère à tout l'orchestre une enveloppante chaleur, il crée à la fin l'illusion d'une véritable tempête en mer et fait siffler le vent parmi les instruments.

Lacombe nous réserve même une petite surprise de son cru : le Happy Birthday réparti entre les différentes sections de l'orchestre sur le rythme du Boléro de Ravel.

Suivant la tradition du National Youth, les jeunes musiciens ont chanté quelques pièces en guise de rappel.

Un seul regret: la Basilique était à moitié remplie. Il faut dire que la direction du National Youth est à peu près nulle en ce qui concerne les communications aux médias.

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NATIONAL YOUTH ORCHESTRA OF CANADA/ORCHESTRE NATIONAL DES JEUNES DU CANADA. Chef invité: Jacques Lacombe. Hier soir, Basilique Notre-Dame. Reprise: Église de Saint-Jovite, dimanche, 19 h 30.

Programme:

Ouverture de Tannhäuser (1845) - Wagner

Don Juan
, op. 20 (1888) - Strauss

Shéhérazade
, op. 35 (1887-88) - Rimsky-Korsakov