Menahem Pressler était cette semaine l'invité de la série de McGill qui présente chaque saison un artiste de grande renommée en master-class et en concert. Membre fondateur du Trio Beaux-Arts et, à 86 ans, le seul «survivant» d'une équipe qui changea plusieurs fois en plus d'un demi-siècle, le légendaire pianiste donnait mardi soir une master-class publique avec trois élèves en piano de McGill et partageait le lendemain soir un concert de musique de chambre avec deux ensembles différents.

Le concert de mercredi - dont CBC passera des «highlights» le 30 mai - comprenait deux substantiels quintettes pour piano et cordes: l'op. 81 de Dvorak et celui de Schubert au quatrième mouvement constitué de variations sur le lied Die Forelle («La Truite»), d'où son nom.

Tout petit de taille et marchant très vite, celui qu'attend une salle presque comble s'installe immédiatement au piano et attaque seul le Dvorak, les cordes n'entrant qu'aux mesures suivantes. Les cordes, ce sont celles du Quatuor Cecilia, jeune ensemble féminin «en résidence» à McGill.

Pressler n'a pas changé. Comme au temps du Beaux-Arts, dont les visites ici ne se comptent plus, Pressler est en même temps au piano et à la coordination générale. Après tant d'années, les mains connaissent leur chemin par coeur et le regard se détourne du clavier pour suivre le mouvement des archets.

Il est clair que le pianiste, qui pourrait être l'arrière-grand-père de chacune de ces jeunes filles, avait imposé à celles-ci sa manière de jouer Dvorak - une manière qui appartient à une autre époque, pleine à la fois de rubato et de tendresse, et combien irrésistible. Pour le Schubert, où il dialoguait avec quatre professeurs de McGill, le visiteur s'était davantage assimilé à l'ensemble.

Le plus sollicité de tous les participants, Pressler ne montra aucun signe de fatigue dans les deux quintettes pourtant joués avec toutes les reprises. Son jeu était à peu près irréprochable techniquement, toujours vigoureux et même nuancé dans le phrasé et la sonorité. On nota de petites faiblesses au sein du quatuor féminin et une justesse parfois douteuse chez Jonathan Crow.___________________________________________________________________________________________________

MENAHEM PRESSLER, pianiste. Mercredi soir, Pollack Hall de l'Université McGill. Radiodiffusion: CBC, 30 mai, 11 h.

Programme:



Quintette no 2, en la majeur, op. 81, B. 155 (1887) - Dvorak. Avec le Quatuor à cordes Cecilia

Quintette en la majeur, op. 114, D. 667 ( La Truite ) (1819) - Schubert. Avec Jonathan Crow, violoniste, Douglas McNabney, altiste, Matt Haimovitz, violoncelliste, et Ali Yazdanfar, contrebassiste