La reprise de ce concert double de l'OSM, hier soir, était radiodiffusée en direct, mais les remarques qui suivent s'appliquent à ce qu'une salle comble a entendu mardi soir à Wilfrid-Pelletier.

Première moitié de programme: les 44 minutes du Concerto pour violon de Beethoven tel que joué par Vadim Repin. Debout devant la foule, son violon dans les mains, le célèbre gaillard russe de 38 ans semblait mal à l'aise pendant la longue introduction orchestrale qui ne lui donne la parole qu'à la page 10.

Malaise confirmé: l'«infaillible» Repin commit plusieurs petites fautes de justesse, d'articulation et de rythmique. Ce n'était pas «très propre», pour employer le jargon des instrumentistes. Mais cela n'empêcha pas la foule d'applaudir dès après le premier mouvement. Ce qu'elle ne put refaire ensuite puisque le deuxième mouvement s'enchaîne au finale.

Un deuxième mouvement d'ailleurs bien mené. Il est vrai qu'on ne rate jamais son effet en égrenant ainsi, avec une certaine pose, les doubles croches en staccato de la dernière page. Le finale se déroula sans trop de problèmes. Repin joua - et cette fois sans se tromper - les deux cadences de Fritz Kreisler, comme dans son enregistrement DG de 2007.

Nagano et l'OSM eurent bien du mérite à suivre ce soliste imprévisible. En fait, il était souvent plus intéressant d'écouter l'orchestre et ses solistes, notamment les deux bassons.

Jouée après l'entracte, la première Symphonie de Brahms faisait 50 minutes, ce total incluant la reprise au premier mouvement. Comme c'est si souvent le cas, Nagano ne semble pas avoir de conception très nette de la partition qu'il a devant les yeux. Il fait jouer les timbales à pleine force - avec des baguettes très dures, semble-t-il - et transforme le tout, précisément, en concerto pour timbales.

Au déséquilibre sonore s'en ajoute un autre, celui-là concernant le discours puisque tout ce qui est indiqué «andante» est joué «adagio» (c'est-à-dire trop lent) et tout ce qui est indiqué «adagio» est joué «adagio molto» (c'est-à-dire beaucoup trop lent). L'orchestre sonne bien, dans son ensemble, mais on ne saurait parler ici d'interprétation.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre: Kent Nagano. Soliste: Vadim Repin, violoniste. Mardi soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Série «Grands Concerts». Programme: Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 61 (1806) - Beethoven Symphonie no 1, en do mineur, op. 68 (1874-76) - Brahms