Jean-Philippe Tremblay a centré sur les neuf Symphonies de Beethoven l'agenda 2009 de l'Orchestre de la Francophonie canadienne dont il est le jeune fondateur. D'abord présentée à Québec en quatre concerts enregistrés live, l'intégrale est reprise à Montréal cette semaine à Pierre-Mercure. Le premier concert, mardi, n'avait attiré que 200 personnes.

C'est la troisième fois seulement que Montréal entend les neuf Symphonies groupées en intégrale. La première audition remonte à 1941: Société des Concerts symphoniques (futur OSM), dir. Désiré Defauw. Il fallut attendre plus d'un demi-siècle pour les retrouver réunies ainsi: Orchestre Métropolitain, dir. Yannick Nézet-Séguin, 2005. On les entendit deux fois au Festival de Lanaudière: par le même Métropolitain, dir. Stanislaw Skrowaczewski, en 1992, et par un orchestre étranger, la Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, dir. Paavo Järvi, en 2007. Rappelons aussi deux présentations par l'Orchestre Symphonique de Québec, avec Vladimir Golschmann en 1963 et avec Yoav Talmi en 2005. Toutes ces intégrales tenaient, comme celle de la Francophonie, en quatre concerts.

 

Confiée à un orchestre d'étudiants, l'intégrale Tremblay constitue en soi une première, les précédentes ayant été données par des orchestres professionnels. Le concert de mardi groupait les trois premières symphonies, Tremblay ayant choisi l'ordre numérique pour les neuf.

Il n'y a presque rien à redire sur l'exécution même. Les cordes sont nourries, jouent juste et ne connurent que deux ou trois légers problèmes de coordination, les bois sont irréprochables, même chose chez les cuivres si l'on excepte quelques petites bavures des cors, les timbales sont exactes et vigoureuses, et les attaques et fins de phrase sont parfaitement unifiées.

Tremblay utilise la nouvelle édition Bärenreiter, dont l'allégement est accentué par son approche même. L'orchestre réduit à 53 musiciens, le vibrato restreint et la disposition des violons de part et d'autre du podium, tout cela clarifie le contrepoint et nous rapproche parfois de la musique de chambre. Très bien jusque-là. Je trouve simplement la direction de Tremblay inutilement survoltée, avec des tempi généralement trop rapides. Le discours respire un peu dans la Marche funèbre de l'Eroica. Le reste est axé sur le genre «exciting» qui finit par lasser.

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ORCHESTRE DE LA FRANCOPHONIE CANADIENNE. Chef d'orchestre: Jean-Philippe Tremblay. Mardi soir, salle Pierre-Mercure, premier programme de l'intégrale des neuf Symphonies de Beethoven. Symphonie no 1, en do majeur, op. 21 (1799-1800) Symphonie no 2, en ré majeur, op. 36 (1802) Symphonie no 3, en mi bémol majeur, op. 55 (Eroica) (1804)