Avant le concert - je parle de mardi soir et non des reprises hier matin et hier soir -, une voix au micro annonce une modification dans l'ordre du programme: le Concerto pour violon de Brahms sera joué après l'entracte et la deuxième Symphonie de Schumann, avant.

Monopolisant toute la seconde moitié du concert, le Brahms et son soliste Gil Shaham vont donc bénéficier d'un éclairage beaucoup plus spectaculaire. Mais je ne crois pas que le violoniste américain de 38 ans avait besoin de cette nouvelle place en fin de concert pour produire un Brahms aussi impressionnant aux plans de la technique, de la sonorité et de l'inspiration, ou pour susciter dans la salle comble une ovation aussi bruyante et aussi insistante.

En simple complet, alors que tous autour de lui sont en tenue de concert, le violoniste est quelque peu énervant à voir: il marche en jouant, il gesticule, il grimace. Fermons les yeux pour mieux entendre. Shaham choisit de faire un Brahms léger et lyrique, aux mouvements rapides articulés avec la plus grande clarté, à l'Adagio rêveur et soutenu, voire tendu au prix de quelques légers écarts de justesse. On n'indique pas que la cadence au premier mouvement est celle de Joseph Joachim.

Une attaque indécise des cuivres ouvre la deuxième Symphonie de Schumann. Ce qui suit s'écoute mieux. Les premiers-violons détaillent bien le Scherzo et Nagano évite le pathos facile dans l'Adagio pour s'en tenir à une expression noble et un peu froide.

Le bref Central Park in the Dark de Charles Ives ouvre le concert avec ses bruissements - annonçant, dès 1906, le minimalisme - et ses irruptions de ragtimes aux cuivres et aux deux pianos. Sept minutes qui comptent peu dans l'histoire musicale mais qui ne gâtent rien.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre: Kent Nagano. Soliste: Gil Shaham, violoniste. Mardi soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Série «Grands Concerts». Programme: Central Park in the Dark (1906) - Ives Symphonie no 2, en do majeur, op. 61 (1845-46) - Schumann Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 77 (1878) - Brahms.