Yoav Talmi, titulaire de l'Orchestre Symphonique de Québec depuis une dizaine d'années, a signé un excellent concert comme chef invité de l'OSM hier après-midi.

Les deux oeuvres principales au programme étaient puisées au répertoire slave: Vltava (qu'on appelle en français «La Moldau»), deuxième des six poèmes symphoniques du cycle Ma Vlast («Ma Patrie»), de Smetana, et la septième Symphonie de Dvorak, qui portait le numéro 2 dans l'ancien catalogue du compositeur (mais qui n'est pas en fa mineur et ne porte pas le numéro d'opus 36, comme le donnait hier le programme).

Le chef israélien de 66 ans a dirigé les deux oeuvres de mémoire, ce qui soulignait le fait que le titulaire de l'OSM, lui, ne fonctionne à peu près jamais sans sa partition. On a aussi noté que le chef invité avait placé les violoncelles à sa droite, face aux premiers-violons. Il imprima un mouvement sinueux, «aquatique», aux cordes de l'orchestre décrivant la rivière (et non le fleuve) qui traverse paisiblement Prague et anima comme il se doit la section des cuivres dans l'épisode tumultueux des rapides de Saint-Jean.

Il apporta le même soin au Dvorak dont les 40 minutes occupaient l'après-entracte. Exception faite de l'irrésistible Scherzo, cette symphonie est moins accessible que les deux suivantes. On ne saurait nier, par exemple, que le mouvement lent piétine. M. Talmi n'a pu y faire de miracles. Il a néanmoins présenté le tout avec chaleur et fraîcheur.

Avant le concert, la voix anonyme qui venait de souhaiter «good evening» en plein après-midi fit savoir que le soliste annoncé, Jon Kimura Parker, était remplacé par Angela Cheng. On passait ainsi d'un pianiste canadien à une pianiste canadienne, sans changer de concerto: le numéro 1 de Beethoven était maintenu. Mme Cheng n'avait manifestement pas eu beaucoup de temps pour se préparer et commit plusieurs petites fautes dans les deux mouvements rapides. Quand même, elle les traversa en musicienne, voire avec certains raffinements, dotant les cadences de Beethoven d'un apport personnel, et nous donna un Largo central d'une extrême sensibilité à laquelle Talmi fit écho par la voix de l'orchestre.

La septième Symphonie de Dvorak revient au programme de l'Orchestre Métropolitain, dir. Yannick Nézet-Séguin, ce soir, 19 h 30, salle Maisonneuve de la PdA. Il s'agit évidemment d'une coïncidence, comme le fait que l'oeuvre figurait au répertoire de la toute première tournée de l'OSM en Europe, en 1962. L'OSM entreprend une autre tournée européenne samedi, avec un orchestre entièrement différent de ce qu'il était il y a 47 ans.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: Yoav Talmi. Soliste: Angela Cheng, pianiste. Hier après-midi, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.

Programme: Vltava («La Moldau»), ext. du cycle Ma Vlast (1874-75) - Smetana Concerto pour piano et orchestre no 1, en do majeur, op. 15 (1797-98) - Beethoven Symphonie no 7, en ré mineur, op. 70, B. 141 (1884-85) - Dvorak