La veille de la sortie de Yes! , lundi dernier, Jason Mraz est passé par Montréal pour faire la promotion de son nouvel album, dont toutes les chansons ont été coécrites avec ses amies du quatuor folk-pop Raining Jane.

Pas besoin d'être devin pour comprendre en entrevue que Jason Mraz se sent étouffé par sa maison de disques qui espère répéter le succès de son tube I'm Yours.

Pour son cinquième album, Yes! , le chanteur a néanmoins réussi à imposer une autre formule: des chansons coécrites avec le quatuor féminin Raining Jane, avec qui il collabore depuis huit ans.

Mraz a commencé à écrire de nouvelles chansons à la fin de la tournée de son album précédent, Love Is a Four Letter Word. Après trois séances avec Raining Jane, il a lancé à son étiquette de disques, Atlantic Records (Warner), l'idée de faire tout un album avec le quatuor de Los Angeles formé de Mai Bloomfield, Becky Gebhardt, Chaska Potter et Mona Tavakoli. Des filles qui aiment le folk-pop et les cordes de toutes sortes.

«Au départ, il était peut-être question que ce soit un projet parallèle, raconte Mraz. Finalement, nous avons eu le feu vert.»

L'histoire d'une relation

Même si Mraz n'avait aucun objectif précis en tête en écrivant Yes!, son album décrit le cheminement d'une relation amoureuse, des débuts exaltants à l'éloignement qui mène à la rupture. Il s'est également permis une reprise de la chanson It's So Hard to Say Goodbye to Yesterday de Boys II Men.

«C'est en faisant un setlist pour un spectacle que notre matériel s'est tenu en un tout cohérent. Nous avons mis de côté des chansons plus groovy et up-tempo qui n'avaient pas leur place», laisse entendre Jason Mraz.

Certaines chansons dévoilent un côté plus obscur de Mraz. Après la tournée de Love Is a Four Letter Word, Jason Mraz a ressenti une sorte de frustration. «Sans vouloir explorer des zones plus sombres, je devais le faire», dit-il.

Le chanteur écolo californien se réjouit d'avoir créé Yes! sans l'idée d'en faire un album. «Il n'y avait pas l'influence de l'extérieur et pas l'intention d'écrire des smash hits

Raining Jane a apporté une vigueur et une fébrilité mélodiques à ses chansons folk-pop, tout comme des arrangements de violoncelle ou encore de sitar. «Elles ont apporté quelque chose d'éthéré et même de cosmique à l'album. L'une des filles de Raining Jane s'intéresse beaucoup à la numérologie. Elle dit que quatre est le chiffre de la fondation, mais que cinq est le chiffre de la création. C'est pourquoi il y a cinq oiseaux qui volent en V sur la pochette.

Yes! constitue-t-il ton album le plus conceptuel?

Oui... Par le passé, je me concentrais davantage sur un single. Cette fois-ci, j'ai pu choisir les collaborateurs avec lesquels je voulais travailler et imposer ma volonté de coréaliser [l'album]. Les singles ne faisaient pas partie des discussions, car l'album devait au départ être un projet parallèle.»

À Montréal en octobre

Le 7 octobre, les fans de Jason Mraz verront par ailleurs un concept de spectacle différent des précédents. «Ce sera juste Raining Jane et moi, dit-il. Même mon vieux matériel sera réinterprété. On revisite, par exemple, ma chanson 93 Million Miles avec un sitar.»

Jason Mraz et Raining Jane savaient comment ils voulaient faire voler leurs maquettes en studio. En demandant à Mike Mogis (Bright Eyes, Rilo Kiley) de coréaliser Yes! , ils cherchaient à mener leurs idées à bon port plutôt que de les remettre en question. «Nous voulions qu'il nous garde dans le son qu'on voulait. Mike a une intégrité musicale.»

Pour Love Is a Four Letter Word, Mraz avait travaillé avec le réalisateur Joe Chiccarelli. «Il m'a permis d'en apprendre beaucoup sur la réalisation. Je l'en remercie.»

En entrevue, Jason Mraz parle de «prendre des risques» et «d'aller chercher le plus d'idées possible». On sent qu'il veut plus de liberté. «Mon équipe de gérance m'a toujours vu plus gros que je ne le suis. Elle m'a aidé à devenir un artiste qui voit plus grand, dit-il. Pour quelques chansons cheesy, il y en avait des bonnes», ajoute-t-il à la blague, avant d'indiquer du bout des lèvres qu'il ne lui reste qu'un album à son contrat avec Atlantic Records (sous l'égide de la major Sony).

«Le succès de la chanson I'm Yours m'a donné beaucoup de possibilités», souligne-t-il néanmoins.

Avec sa gourde et son sac Patagonia, Jason Mraz incarne ses préoccupations environnementales. Dans sa prochaine tournée, le chanteur de 37 ans espère promouvoir les jardins communautaires et les marchés publics.

Lui-même a une ferme maraîchère de cinq acres à San Diego. «Il est important de savoir d'où notre nourriture provient.»

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