Même si elle est née aux États-Unis, c'est au Canada qu'Ann Wilson, du groupe Heart, a eu son premier coup de foudre. La chanteuse n'oubliera jamais non plus que le Québec est l'une des premières provinces à être tombée amoureuse du groupe qu'elle forme depuis plus de 40 ans avec sa soeur Nancy.

«J'avais 21 ans, j'étais dans un groupe dans l'État de Washington et j'ai rencontré cet homme à Vancouver... et il n'y avait plus rien d'autre qui comptait!», raconte Ann Wilson en entrevue téléphonique.L'homme en question était Mike Fisher, un Américain qui avait fui les États-Unis pour éviter d'être enrôlé pour combattre au Viêtnam et qui allait devenir le premier agent de Heart. À cette époque, plusieurs Américains qui étaient dans la même situation s'étaient installés à Vancouver parce qu'ils n'appuyaient pas la guerre.

«Le Canada était une place formidable pour s'évader de tout ça. J'ai déménagé en Colombie-Britannique et je voulais vivre là pour toujours ! En fait, j'y ai vécu pendant sept ans, et je suis devenue citoyenne canadienne», poursuit la chanteuse. Sa soeur Nancy l'a ensuite suivie au Canada, étant tombée amoureuse de... Roger Fisher, le frère de Mike, qui était alors guitariste de Heart.

Le Québec craque

«Nous étions vraiment un groupe canadien. Ensuite, Mike a régularisé sa situation pour pouvoir voyager avec le groupe. À partir de ce moment-là, nous étions toujours sur la route», se rappelle Ann Wilson, qui ajoute que le Québec aura toujours une place spéciale dans son coeur.

«Tu sais, quand nous avons fait paraître notre premier album, Dreamboat Annie, en 1975, il n'y avait pas d'internet, pas de cellulaires, pas de fax. Alors, on demeurait inconnus dans une ville si on n'avait pas joué là ou donné une entrevue à une station de radio locale», explique-t-elle à propos du premier spectacle de son groupe à Montréal.

«On venait de se faire mettre dehors d'une boîte dans les Prairies et on a eu une offre pour assurer la première partie de Rod Stewart au Forum de Montréal. Bien sûr, on a dit oui! À notre grande surprise, tout le monde connaissait nos chansons et les chantait avec nous. C'était merveilleux, mais on n'y comprenait rien, car on n'avait jamais mis les pieds au Québec avant!»

Les membres de Heart l'ignoraient, mais le DJ Doug Pringle, de la station CHOM FM, avait fait jouer leur album plusieurs fois depuis sa sortie, et la métropole craquait déjà pour le rock des deux frangines.

Hommage à Led Zep

Par ailleurs, les soeurs Wilson s'amènent à Montréal avec le batteur Jason Bonham, fils du regretté John Bonham de Led Zeppelin, et la dernière portion de leur spectacle inclut six ou sept pièces du légendaire groupe britannique. Ce projet est né d'une performance remarquée à l'émission spéciale télévisée consacrée au Kennedy Center Honors en décembre 2012.«Robert Plant était là et nous avons soupé avec lui après le spectacle. Il nous a dit qu'il avait adoré notre version de Stairway to Heaven. Nancy et moi étions tout excitées, car généralement, il déteste les reprises de cette pièce.»

Grande fan de Led Zeppelin, Ann Wilson avoue qu'elle aimerait beaucoup voir le quatuor reprendre du service avec Jason Bonham derrière les fûts, mais concède que le rêve de plusieurs amateurs de rock ne se réalisera probablement jamais.

«Pour que ça se fasse, il faudrait que tous les membres du groupe en aient envie, et Robert Plant ne semble pas en avoir envie. Comme fan, ça m'attriste un peu, mais je dois avouer que je le comprends et que je l'admire de vouloir, comme artiste, regarder en avant plutôt qu'en arrière.»

Au Centre Bell ce soir.