The English Riviera, troisième album du quatuor britannique Metronomy, a été applaudi par le public et la critique. Qu'en sera-t-il avec Love Letters? Tout indique que ce nouvel opus, qui sortait hier, sera un baume sur la fin de l'hiver.

Chansons poignantes, accrocheuses, dénudées, superbement construites. Arrangements succincts, minimalisme prééminent, exclusion des technologies numériques, inspiration trouvée dans les plus simples appareils. Voilà le choix éclairé de Joseph Mount, chanteur, compositeur, parolier, réalisateur, sans qui Metronomy ne pourrait exister.

«Il y a deux dimensions en moi: le réalisateur et l'auteur-compositeur-interprète. L'écart entre ces deux rôles peut inciter le public à faire le saut entre chaque album de Metronomy. Car j'essaie d'y faire évoluer ces deux dimensions à chaque étape de ma trajectoire», explique le musicien, de passage à Montréal à la fin du mois de janvier afin d'y promouvoir son nouvel opus.

Retour à l'essentiel

Réalisateur émérite (Foals, Roots Manuva, Kate Nash), l'artiste britannique insiste sur les différences marquées dans le processus de création audio. «Pour The English Riviera, j'ai investi un studio avec des équipements dernier cri. À la fin des séances d'enregistrement, j'avais le sentiment de m'être fié davantage aux technologies numériques qu'au reste des instruments et des outils d'enregistrement.»

On devine alors qu'un nouveau défi devait être relevé. «Je voulais accomplir quelque chose de différent, créer d'une manière traditionnelle. Composer les chansons à la guitare ou aux claviers, les enregistrer sur ruban. Dans cette optique, je pensais à ces vieux films remarquables qui ne comportaient pas d'effets spéciaux. Je voulais faire de même dans un contexte audio.»

La règle était donc d'exclure les ordinateurs et les outils numériques pour n'exploiter que des technologies analogiques. «Par exemple, j'ai mixé avec une vieille table, construite pour les studios Abbey Road. Pour me mettre au parfum de cette orientation, je me suis mis à écouter des enregistrements classiques: Byrds, Beatles, Zombies, Sly and the Family Stone, Diana Ross, etc.»

Ainsi, Love Letters a été enregistré aux studios Toe Rag, exclusivement équipés de bidules analogiques, comme à l'âge d'or de la pop culture.

«Vu la nature des outils de travail, il fallait avoir une conception beaucoup plus précise de chaque chanson avant de l'enregistrer. De telles conditions nous amènent à réfléchir très fort à ce qu'est une très bonne chanson. Ultimement, je voulais que mes nouveaux titres puissent se suffire à eux-mêmes, avec le plus simple accompagnement. J'ai dégraissé au maximum.»

Lettres d'amour

Des arrangements succincts et de courts solos ont habillé le répertoire très inspiré de Love Letters, dont la relecture sur scène s'annonce un tantinet différente. «Nous avions envisagé de reproduire exactement l'enregistrement; nous avons finalement choisi des interprétations un peu plus libres. À ce titre, le claviériste Michael Lovett s'est joint aux quatre membres habituels de Metronomy - Oscar Cash, claviers et guitares, Gbenga Adelekan, basse et voix, Anna Prior, batterie et voix, moi-même au chant et à la guitare.»

Et pourquoi donc Love Letters est-il devenu le titre fédérateur du prochain chapitre?

«Le thème de la lettre d'amour représentait un moment important de cet album; il pouvait l'incarner dans son ensemble. En ce qui me concerne, les relations intimes vécues au cours de mon existence (il n'y en a pas tant) ont été traversées par une phase où j'écrivais des trucs très romantiques. Encore aujourd'hui, je souhaite que les plus jeunes puissent réaliser l'excitation et l'émerveillement que génèrent les gestes romantiques entre deux êtres.»

Pour le reste?

«Sans que l'album soit autobiographique, ses thèmes partent d'expériences personnelles - voyages, distance qui sépare les amoureux, etc. Lorsque j'écris, j'essaie de rester honnête en abordant des sujets avec lesquels je suis très à l'aise. À un point tel que je doive rassurer ma copine: non, ma chérie, rien de tout cela n'est réel!»

Sous étiquette Because Music, Love Letters sera lancé officiellement aujourd'hui. Metronomy se produira au Théâtre Corona à Montréal le 18 mai.