Fidèles à leurs traditions, les Frères Goyette ont offert des bouchées de grilled cheese et des verres remplis à même une fontaine de soda mousse pour le lancement de leur quatrième album, Fidèles, tenaces et frères.

La présentation de huit nouvelles chansons s'est faite au deuxième étage du marché Jean-Talon avec des enfants qui couraient partout. Un décor parfait pour illustrer la ruralité, l'authenticité, l'humour et le côté joyeux luron du projet musical du cinéaste Simon Laganière et de son complice arrangeur Yannick Lambert-Brière, deux fiers résidants de Champlain, près de Trois-Rivières.

Leurs alter ego moustachus Mario et Bob-Robert Goyette ont toujours autant d'anecdotes à raconter, mais ils laissent plus de place à leurs géniteurs. «Sur scène, nous sommes des personnages, mais nos chansons ne sont pas humoristiques. Il reste que Mario n'est pas très loin de Simon Laganière. Il est le ramassis des gens qu'on a autour de soi. Des mononcles, des gens tannants, le patenteux, le bullshitteux...», rappelle le principal intéressé.

Maturité

On sent plus de maturité et de recherche musicale dans Fidèles, tenaces et frères. Un retour du balancier plus lumineux à la suite du disque Rencontre du troisième âge, sorti en 2010 à la suite d'un deuil (et nommé au gala de l'ADISQ dans la catégorie du meilleur album country). «En vieillissant, on essaie de faire des chansons un peu moins cabotines. On aime faire rire, mais on veut proposer de beaux textes et faire de belles petites histoires. Des vraies et d'autres qu'on invente.»

L'éternel dilemme du duo: doser l'intervention des personnages de Mario et de Bob-Robert Goyette dans les chansons. «Avec parcimonie, sinon ça peut tomber sur le coeur, lance Simon Laganière. Dans les shows, Mario et Bob parlent entre les tounes [des interludes dialogués ponctuent également l'album], mais les chansons viennent de nous. On voulait que l'album soit apprécié des mélomanes.»

Les Frères Goyette ont mis beaucoup d'efforts dans les arrangements en multipliant les références pour se faire plaisir. «On s'est éclatés dans les compositions. Chaque pièce est assez distincte», souligne Simon Laganière.

Références

La pièce instrumentale MogGoy rend hommage à Mogwai, alors que Métal au versant nord surfe sur des accords de musique yodel. Il y a l'ombre de Wilco et une reprise de Daniel Johnston, Laurie, traduite de façon libre. Les Frères Goyette exploitent leur talent de mélodistes avec des airs country, folk, rock et americana. Un coup d'tonnerre avant l'orage rappelle même des accords de Kevin Parent avec une référence à Riopelle.

La pièce Doigté des neiges marque le retour du personnage d'André Veillette, un inventeur de bottes chauffantes qui s'est coupé des doigts dans un banc de scie. Prendre le courant raconte l'histoire d'un homme qui a dérivé sur le fleuve en pêchant sur la glace au printemps. Coup de coeur pour la ballade Un thermos d'eau chaude dans une longue guerre froide, exercice parolier aussi délirant et intellectuel que touchant. Comme quoi l'humour des Frères Goyette est un masque habile.

Simon Laganière gagne sa vie comme cinéaste. Il a présenté son récent court métrage Sur la piste d'un renard au Festival de Cannes. «La musique est un beau projet parascolaire. Mine de rien, ça fait 15ans qu'on fait ça.»

Les Frères Goyette, c'est également une websérie qui aura droit à une deuxième saison. La première est en ligne: http://lesfreresgoyette.com

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