Estimant qu'elle avait négligé son public canadien ces dernières années, Loreena McKennitt se lance dans une nouvelle série de concerts, où elle couvrira les différentes sections de sa discographie entre deux anecdotes. Comme nous ne sommes qu'à quelques jours de Noël, la chanteuse de 55 ans profitera aussi de ses haltes à la salle Wilfrid-Pelletier, demain et vendredi, pour se permettre des airs puisés dans ses albums thématiques To Drive the Cold Winter Away et A Midwinter Night's Dream.

Q : Vous relatez vos expériences sur la route des Celtes par l'entremise de chansons et de vos interventions. Êtes-vous autant une conteuse qu'une chanteuse?

R : Je crois que oui. Je ne me suis jamais vraiment vue ainsi, mais j'ai abordé ma musique et ma carrière en suivant l'histoire des Celtes. J'ai utilisé cette histoire comme un exercice d'autoapprentissage et donc, j'ai voyagé en plusieurs endroits, rencontré des gens et vécu des expériences qui ont teinté ma musique. Il y a ainsi des histoires derrière et autour des chansons. C'est un aspect que j'ai voulu amener au premier plan dans cette tournée, peut-être plus que les autres. [...] Je regrette seulement que mes six années d'études du français ne permettent pas de m'adresser au public dans cette langue...

Q : Vos textes ne sont pas du type personnel ou confessionnel. Cela ne vous empêche pas d'y insuffler une bonne dose d'émotion. Comment vous identifiez-vous à ce que vous entonnez?

R : Je crois que, comme beaucoup de gens qui écrivent de la fiction, on passe toujours à travers certaines expériences pour entrer dans les chansons. En même temps, je pense que cela a un lien avec ma formation en théâtre, qui permet de plonger dans une pièce ou un scénario et de lui donner vie. [...] C'est un médium que j'ai choisi pour capter des idées ou des éléments d'histoire, et j'essaie de leur donner vie devant les gens. L'idée est de partager quelque chose.

Q : Votre voix n'a rien perdu de son assurance ou de sa souplesse depuis votre premier album, paru en 1985. Comment en prenez-vous soin?

R : J'essaie de rester le plus en santé possible. J'ai choisi de diriger moi-même ma carrière et ça implique beaucoup de gestion, qu'il s'agisse de la production d'un album ou d'une tournée. Je suis tel un producteur exécutif: je vois à toutes mes affaires, donc il me reste très peu de temps pour chanter ou créer. Les gens seraient étonnés de voir à quel point je consacre peu de temps au contenu créatif ou au chant. Quand j'embarque dans un processus d'enregistrement d'album ou dans une tournée, je plonge dans un régime très rigoureux d'exercices. À mes yeux, une tournée est quelque chose d'encore plus athlétique que créatif. Je cours - c'est bon pour les poumons, pour les muscles... Je respecte une diète stricte en restant loin de l'alcool. Et puis, j'ai étudié le chant classique durant cinq ans, alors j'ai appris à chanter sans endommager ma voix.

Q : Avec votre étiquette de disques, Quinlan Road, vous démontrez une volonté de joindre vos admirateurs de différents pays: livrets d'albums et pages web sont offerts dans plusieurs langues. Quel genre d'équipe avez-vous autour de vous?

R : Il y a quatre personnes à temps plein. On en a déjà eu plus, mais on a tenté de faire davantage avec moins. À cela s'ajoutent des collaborateurs réguliers. [...] On veut en faire le plus possible pour rejoindre les gens, pour faciliter leur compréhension, au lieu qu'ils aient à se plier à l'anglais continuellement. C'est plus qu'un simple service à la clientèle, c'est admettre qu'ils parlent d'autres langues et que ces langues ont toutes leur valeur. Pour moi, c'est très important, car c'est en quelque sorte la manière dont vous vous présentez. Cela dit, comme l'industrie est dans un stade avancé d'écrasement, nous sommes en train de remodeler notre site web. On est précisément en train de se demander ce que l'on conserve et ce que l'on sacrifiera...

Q : Votre plus récent album, The Wind That Shakes the Barley remonte à 2010. Planchez-vous sur de nouvelles chansons?

R : Le prochain lieu à visiter dans l'histoire des Celtes - et je n'ai fait que gratter la surface de ce parcours -, ce sont les Indes. Il y a beaucoup à voir là. On songe donc à un nouvel album inspiré de ça. Parallèlement, des distributeurs au Moyen-Orient et en Amérique du Sud me réclament une compilation qui couvrirait toute ma carrière - on compte la distribuer en Amérique du Nord et en Europe. On sortirait ça l'an prochain, pendant qu'on travaillerait sur le nouveau matériel, prévu pour 2014.

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Loreena McKennitt, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, demain et vendredi, à 20h.