Sur son premier disque solo, l'ex-Zébulon flirtait avec les bidouillages électroniques à la sauce trip-hop. Sur le deuxième, il surfait sur des eaux jazz. Pour À la figure, il avait écouté et échantillonné beaucoup de musique classique. Avec Numéro 4, il replonge dans une pop-rock énergique à la sauce alterno et new-wave. Entrevue avec Marc Déry, un gars de studio qui a la phobie de refaire le même disque.

Marc Déry n'avait pas sorti de disque solo depuis six ans, mais c'était loin d'être la disette pour autant: il y a eu le retour de Zébulon et les spectacles post-Colocs donnés en parallèle du film sur Dédé Fortin. «J'ai fait beaucoup de studio, ajoute le principal intéressé. J'ai réalisé les albums de Maxime Landry et Sally Folk, j'ai fait de la musique pour la télé...»

Mardi, Marc Déry lancera son quatrième disque solo. «J'ai commencé les musiques de l'album il y a quatre ans, mais je n'avais pas tellement d'inspiration pour les mots. C'est pour ça que Zébulon est arrivé à point...»

La pochette lumineuse de Numéro 4 présente le chanteur avec des lunettes de soleil, dans une voiture rouge d'époque décapotable. Rien à voir avec la pochette épurée en noir et blanc d'À la figure, où Déry affichait une mine introspective. C'est à l'image de la différence musicale entre les deux albums. Vous l'avez peut-être constaté avec Welcome, le premier extrait de Numéro 4, Marc Déry et son fidèle collaborateur Michel Dagenais se sont amusés avec des sonorités électro et une énergie pop-rock fougueuse qui va droit au but.

«On écoutait beaucoup de trucs comme Arctic Monkeys et Peter Bjorn and John. Ça nous branchait beaucoup parce que ça ressemble aux beats des années 80, raconte Déry. On s'est mis à programmer des beats à la sauce new-wave et finalement, on ne pouvait pas être plus actuel avec des vieilles affaires.»

En 2006, l'auteur-compositeur avait dit en entrevue: «Ma phobie est de refaire le même album.» Mais pour Numéro 4, il n'a pas tant voulu aller ailleurs que retourner aux sources de ses toutes premières compositions d'adolescence. «Je voulais avoir des rythmes plus énergiques, indique Marc Déry. Pas quelque chose de trop planant ou de rêveur.»

Va pour la musique, mais comment sont finalement venus les mots? «Je me suis refait une réserve d'inspiration, raconte Marc Déry. Après la tournée avec Zébulon, des flashs ont commencé à popper. Je me suis promené beaucoup en auto. Je stationnais devant des lieux marquants ou des lieux de mon enfance [...] C'est comme si je me promenais sur les routes de ma vie.»

D'où la pochette et l'idée de road trip... «J'ai aussi loué des tonnes de films, qui me remettaient sur les chemins de mon enfance et de mon adolescence. Je me remettais à vibrer sur des trucs...»

Un retour aux sources

Marc Déry a grandi à Mascouche. Il a étudié au cégep Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse en musique, où il a connu Michel Dagenais comme compagnon de chambre imposé. À Montréal, son coloc était le batteur des colocs Jimmy Bourgoing. Puis il y a eu Zébulon, la carrière solo, le studio Le St-Phonic, et sa vie de famille avec Élyse Marquis...

Les chansons de Numéro 4 sont des allers et retours dans la vie de Marc Déry: Hôtel en hôtel remonte en 1984, la pièce titre parle d'enfance et de hockey, alors que plusieurs autres titres décortiquent le sentiment amoureux.

On ne sait jamais s'est rajoutée plus tard aux autres, une pièce qui parle d'un ami qui a tenté de s'enlever la vie. «Une personne à qui je ne m'attendais vraiment pas que ça arrive.»

Numéro 4 fait donc une sorte de synthèse. «J'avais l'impression d'avoir fait une trilogie. J'avais envie d'un retour aux sources.»

Marc Déry a déjà amorcé une tournée qui l'arrêtera au National, à Montréal, le 17 novembre. «Ça appelle une formation rock, avec un clavier, deux guitares électriques, une basse et une batterie», souligne-t-il.

Comme à chaque sortie d'album, l'auteur-compositeur-interprète est vulnérable. «C'est comme un petit enfant qui a fait un dessin qui va le montrer à sa mère et ses amis», dit le père d'une fillette de 7 ans.

Image: La Presse

Marc Déry, Numéro 4, Audiogram.