Les Flaming Lips s'en viennent! Rien de mieux qu'un concert de ce trio foubrac pour aider à faire passer la centaine de concerts des trois dernières semaines festivalières... Au programme: costumes débiles, lasers et boucane, rock inspiré et relectures atypiques de Pink Floyd. Entrevue avec le sympathique chanteur Wayne Coyne, qui a de l'eau dans sa cave.

«Are you kind of French?» demande tout de go Wayne Coyne. «Tu sais, je suis toujours fasciné de voir qu'il y a tant de Français, là-bas, au nord. Chaque fois qu'on y va, on sait qu'on est au Canada, mais tout d'un coup, ça devient exotique.»

Ça change des plaines de l'Oklahoma, où habite le chanteur, c'est sûr. «Je suis actuellement dans ma maison fraîchement inondée - je ne sais pas si ça a fait les infos chez vous, mais on a eu de grosses inondations dans les derniers jours. Notre maison est située dans la vieille partie d'Oklahoma City, ce genre de truc arrive tout le temps, on commence à avoir l'habitude; six heures plus tard, on avait déjà tout pompé...»

La demoiselle du label nous avait prévenus: posez vos questions importantes au début parce que Wayne aime jaser et ça risque d'être long. Par quoi on commence, alors? Le projet de long métrage du groupe qui va se mettre en branle à l'automne? Le sombre mais sublime album Embryonic, paru l'automne dernier? Ou encore la reprise de The Dark Side of the Moon?

Informons-nous plutôt du concert spécial des Flaming Lips, accompagnés de l'Orchestre philharmonique d'Oklahoma City, donné pour l'association des maires des États-Unis - sans doute le meilleur concert de l'histoire des concerts corporatifs! «Non, on ne les a pas fait freaker, rigole-t-il. On a joué au troisième jour de leur congrès, je crois qu'ils avaient vraiment envie de s'éclater. Il y a un maire, je sais plus d'où, un type assez vieux et habillé tout en blanc, il a couru devant la scène lorsque nous y sommes montés, ça a provoqué un drôle de mouvement de foule... On pense que les maires sont sérieux, mais eux aussi veulent s'amuser.»

Pink Floyd

Un autre concert à ajouter à la grande liste des excentricités du vétéran groupe indie rock américain, révélé en 2002 grâce au succès, critique et commercial, de l'album Yoshimi Battles the Pink Robots. Depuis ce disque, les Lips ne déçoivent jamais, même lorsqu'ils expriment leur totale liberté artistique en osant reprendre intégralement The Dark Side of the Moon, classique de Pink Floyd. «Je ne sais pas s'ils ont aimé, mais j'imagine que les membres du groupe ont entendu notre version, commente Coyne. En tout cas, leur service de marchandisage nous a joints pour voir si nous acceptions qu'ils fabriquent des t-shirts Flaming Lips plays Dark Side of the Moon

Seules quelques chansons du vieux disque seront jouées au Métropolis mercredi: «Oui, au festival Bonnaroo, on a joué l'album au complet, mais c'était ça le concept de notre performance. Peut-être plus tard; d'ailleurs, cet album ne devait pas paraître en CD - on avait seulement prévu l'offrir sur iTunes. Il n'y avait aucun plan initial, tout ça a été enregistré en deux jours, avec une mentalité punk rock. C'est certes une forme d'hommage; si tu aimes les Flaming Lips, les chances sont bonnes que tu aimes aussi Pink Floyd...»

Même si les trucs de scène des Lips n'ont pas vraiment changé depuis la tournée Yoshimi - la bulle dans laquelle Wayne se promène dans la foule, les costumes, les confettis, les décors colorés -, les chansons, elles, prennent une nouvelle saveur avec l'ajout des extraits de The Dark Side et surtout ceux, assurément plus sombres, de l'album Embryonic.

«Ça m'a inquiété, d'ailleurs, le côté sombre d'Embryonic, confie Wayne. J'ai eu peur de la réaction des fans. Je ne voulais pas que les gens pensent que j'avais changé d'idée (par rapport à l'idéalisme des derniers albums). J'ai toujours dit: je ne suis pas vraiment un optimiste, je suis réaliste.

«Or, il faut tout de même réaliser que le monde est probablement plus horrible que merveilleux. C'est notre douleur, notre souffrance qui guident notre perception du monde. Si nos chansons plus heureuses ont autant eu de succès, c'est probablement parce qu'elles sont toujours ancrées dans la réalité, dans la souffrance que je perçois. Plusieurs chansons d'Embryonic ne sont pas optimistes, je l'admets, je parle de la mort, de la douleur, mais je cherche seulement à être honnête. Heureusement, on apprend que les mauvais moments finissent par passer...»

Et il n'y a rien de tel qu'un concert des Flaming Lips pour les faire passer.

The Flaming Lips, au Métropolis, le 7 juillet, 20h. Première partie: Fang Island.