Jusqu'à tout récemment, la musique n'était qu'un passe-temps passionnant pour Chris Giannini. Elle est en voie de devenir son gagne-pain. Rencontre avec un Montréalais de 22 ans qui doit se pincer pour s'assurer qu'il ne rêve pas.

Chris Giannini avait 2 ans qu'il se faisait déjà son karaoké avec son frère aîné sur la scène que leur avait construite leur papa mécanicien dans le sous-sol de leur maison de Laval. Mais c'est quand son frère lui a fait entendre Achtung Baby de U2 que Chris a vraiment eu le goût de faire de la musique, d'en écrire, de la chanter. Ce n'est pas par hasard que sur sa carte de visite électronique, qu'on peut visionner sur YouTube (tapez Giannini EPK), Chris fredonne The Sweetest Thing du groupe irlandais: «J'ai voulu montrer que tout est parti de là, que ça m'a inspiré.»

 

Même s'il y a pire filiation que celle-là, n'allez pas vous imaginer que Chris Giannini fait du U2. Outre quelques similitudes - la voix, le rythme et les couleurs de la guitare dans Look What You've Done, un certain maniérisme à la Bono dans A Little Romance - If It's Me est un album pop, son premier, dont les forces sont ailleurs: de belles trouvailles musicales (l'ajout d'un piano, d'une trompette ou d'un violoncelle au moment où on ne s'y attend pas), un travail de studio de première qualité et un talent certain pour la mélodie qu'on retient.

«Les gens me disent souvent que mes chansons leur restent en tête, dit Giannini. Je pense que ça vient de la musique italienne qu'on écoutait sur des vinyles à la maison, en même temps qu'on écoutait Paul Anka, les Bee Gees et Elvis. La musique italienne est accrocheuse - il n'y a pas de Lady Gaga en Italie - c'est une musique souvent acoustique, vraiment organique et simple, facile à chanter.»

Mais ce dont Chris Giannini est le plus fier, c'est que chacune des chansons de ce premier album, même si elles parlent presque toutes d'amour ou de romance, a son identité musicale propre.

Du cinéma à la musique

Chris Giannini est né à Montréal-Nord, mais a grandi à Laval où il a fréquenté une école secondaire catholique anglophone près du Carrefour Laval. Il a étudié le cinéma et la vidéo à Dawson, mais a abandonné les études pour travailler dans une boîte de production audiovisuelle. Peu après, il mettait sur pied sa propre boîte, Dekade Films (clips musicaux, vidéos corporatives etc.), avec son frère qui étudie toujours à Concordia.

Mais la musique se faisait de plus en plus insistante. Il participait à un concours de groupes au théâtre Plaza quand il a été remarqué par Gautier Marinof, l'un des associés des studios montréalais Piccolo. Marinof a invité le groupe de Chris à enregistrer une chanson, mais l'essai n'a pas été vraiment concluant. Peu après, le groupe se séparait et son guitariste et chanteur rappelait Marinof pour lui proposer de travailler sérieusement avec lui.

L'album If It's Me est né de cette association grâce à laquelle des musiciens de Céline Dion - le batteur Dominique Messier, un associé dans Piccolo, et le bassiste Marc Langis - ont pu participer à ce premier album. «Gautier et moi, on pouvait travailler de 10 à 12 heures par jour en studio, raconte Giannini. Chaque fois qu'on avait une idée, on l'enregistrait et Gautier me donnait un CD que j'écoutais en y ajoutant des voix, des mélodies, des riffs de guitare.»

Giannini a d'abord voulu faire carrière sous le nom de Chris James (son deuxième prénom) parce que c'était «plus accrocheur, plus facile à retenir», mais son nom de famille, dit-il, correspond bien au «feeling organique» de son album. Son père, avec qui il parle toujours l'italien à la maison, essaie de le convaincre de chanter en italien et en français et Chris ne dit pas non: «J'ai un accent italien et je pourrais facilement écrire des chansons en italien. J'aimerais aussi chanter en français, mais je dois d'abord améliorer mon français...»