Le double de Mathieu Chédid s'appelle M et, étrangement, quand on parle avec lui, les mots en M semblent se bousculer. M comme dans muse, musique, mystère, mystique, multiple, multicolore, masque. Et nous, on pourrait ajouter M comme miroir, mélodie, magique, maquillage, magnifique.

La sortie du prochain album de la plus ludique des rockstars de France, Mister Mystère, est prévue en septembre en Europe et peut-être un peu plus tard ici. Mais nous avons de la chance, car nous aurons droit à quelques-unes des nouvelles pièces en primeur sur scène. M s'en vient à La Tulipe pour cinq soirs du 14 au 18 juillet et nous assisterons à la naissance d'une nouvelle aventure pleine de fantaisie.

 

C'est une drôle de coïncidence qui a donné le ton au disque à paraître, le premier depuis Qui de nous deux en 2003. Mathieu Chédid avait écrit seulement deux mots, Mister Mystère, qui collaient à un hook ou une gimmick. Le lendemain, Brigitte Fontaine, à qui Chédid n'avait pourtant pas parlé depuis huit mois, lui a fait parvenir un texte de chanson qui s'appelait... Mister Mystère!

«C'est fou, mystique même! Le texte collait parfaitement à la musique que j'avais écrite la veille. C'est devenu une sorte de leitmotiv, le concept du nouveau disque. La dualité homme-femme, ombre-lumière. Mystère est pour moi le féminin de Mister. J'ai donc joué sur la dualité de ce terme et du mystère qui est dans la nature humaine», raconte l'artiste.

Le premier extrait du disque, Le roi des ombres (voir et entendre sur www.roidesombres.com), laisse encore plus grande qu'avant la place à la schizophrénie entre l'artiste et son personnage, comme en témoigne le refrain: «Je suis l'ombre de ton ombre/ Tu es l'ombre de mon M».

«La schizophrénie est un fondement dans la nature humaine. Si on est un peu à l'écoute de soi-même, on se rend compte qu'on est multiple. Parler de moi ne m'intéresse pas tellement, c'est plutôt d'aller à l'intérieur de moi chercher une certaine vérité, théâtralisée par M, par l'idée d'un double. Ça va au-delà de ma schizophrénie personnelle!»

Dans le vidéoclip, la marionnette de M se consume à la fin de la chanson, mais n'allez pas croire que l'artiste vient d'assassiner son double, comme Jean Leloup l'a déjà fait.

«M est mon axe plus que mon masque. Le faire brûler, c'est une façon de dire qu'on peut renaître de ses cendres quand tout s'écroule. On peut s'alléger pour passer des caps, pour s'envoler, pour avancer. Mais M est fondamental pour moi, c'est mon axe et ça va au-delà d'une coupe de cheveux ou d'une couleur.»

Pas de costume rose

Parlant de couleur, n'attendez pas la guitare et le costume rose bonbon cette fois; cela correspond à une période de la vie de M qui, dans la tête de son double, porte toutes les couleurs. Pour créer le mystère, il se résumera temporairement au noir et blanc, l'ombre et la lumière.

«Le look, c'est une façon de prolonger le rêve. Il faut le théâtraliser, le poétiser, l'imager, ce double, et ça m'intéresse plus d'avoir une image qui n'est pas celle du quotidien. Ça me permet de m'évader de moi-même et c'est plus spectaculaire. Mais M, c'est plus dans le fond que dans la forme, il m'inspire, c'est une sorte de muse intérieure.»

Histoire de famille

Le nouveau disque pourra non seulement s'écouter, mais aussi se regarder, car un DVD accompagnera le CD. Dans le souci d'échapper à la crise du disque, Mathieu Chédid a fait monter des images par sa grande soeur Émilie, filmées en diavision, un terme inventé par l'artiste et qui veut dire «double image».

«On est dans le double à fond!» dit-il en riant.

Une histoire de doubles, oui, mais aussi de famille. Sur scène, M s'en vient avec sa soeur Anna au piano et aux voix et son frère Joseph à la batterie, guitare et voix. Ils ont 22 et 23 ans, une quinzaine de moins que Mathieu, heureux de s'entourer de jeunesse.

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M à La Tulipe, du 14 au 18 juillet, 20h.