Happée par le succès en Europe, Natasha St-Pier avait presque disparu des écrans radar de ce côté-ci de l'Atlantique. Elle a fait un saut de puce à Montréal, cette semaine, pour présenter son sixième album, tout simplement intitulé Natasha St-Pier, qui paraît au Québec presque six mois après sa sortie en France.

Repêchée par l'équipe de Guy Cloutier alors qu'elle n'était encore qu'une adolescente, Natasha St-Pier a vite été prise dans la spirale de la pop. Entre 15 et 25 ans, elle a joué le rôle de Fleur-de-Lys dans Notre-Dame de Paris, a représenté la France au concours Eurovision, a publié cinq albums et vendu plus d'un million de disques. Sa carrière lui imposait un rythme essoufflant, si bien qu'à 21 ans, elle avait déjà l'air désabusée.

Natasha St-Pier a longtemps pensé qu'elle ferait des études d'infirmière. Sa percée dans le monde des variétés françaises l'a incitée à continuellement repousser ce projet, jusqu'après la prochaine tournée ou le prochain disque. Elle a fini par se laisser porter par les événements. Sans vraiment choisir de faire une carrière de chanteuse.

«Je me suis réveillée à 25 ans et je n'avais pas encore pris de décision, reconnaît-elle. Je n'aimais plus la façon de faire le métier de chanteuse. Je me suis dit que si j'étais pour m'exiler et vivre loin de ma famille, il fallait que je sois sûre de ce que je voulais faire.» Elle a pris 18 moins de congé, fait de la plongée sous-marine et, petit à petit, retrouvé le goût de chanter.

Sauf qu'elle ne voulait plus le faire aux mêmes conditions qu'avant. Elle travaille désormais avec une toute petite équipe et affirme que, désormais, ses choix sont motivés par des arguments artistiques et non plus par des considérations commerciales. «J'ai tellement connu les choses dans l'autre sens que je n'ai plus envie de ça», tranche la chanteuse.

Natasha St-Pier ne renie pas pour autant les chansons qu'elle a enregistrées dans le passé. «Je n'ai pas été malheureuse, précise-t-elle. Je n'ai jamais été malheureuse, mais il m'a toujours manqué quelque chose qui, aujourd'hui, ne me manque plus. Il faut s'arrêter pour s'en rendre compte. Ça m'a vraiment fait du bien de m'arrêter.»

Un étrange cocktail

Sur son sixième album, la chanteuse originaire du Nouveau-Brunswick tente un mariage inusité - voire étrange - entre euro-pop et variétés. D'un côté, ces musiques un peu syncopées, construites à partir d'idées empruntées à des musiques dites urbaines et dansantes; de l'autre, ces mélodies chères aux grandes ballades sentimentales. «J'adore les variétés, mais j'adore aussi Rihanna ou Kate Perry, c'est ce que j'écoute à la maison, c'est ce que j'ai envie de fredonner dans la vie de tous les jours.

«Je suis aussi une chanteuse qu'on qualifie de chanteuse à voix, poursuit-elle. J'avais envie de mélodies qui me permettraient de m'amuser aussi, pas juste de dance pop où la chanteuse ne chante que deux lignes. Je me serais ennuyée là-dedans.»

Sans vouloir délaisser le métier de chanteuse, elle tâte de celui de comédienne. Elle a commencé à répéter en vue d'interpréter le rôle d'une blonde «très niaiseuse» dans une pièce qui prendra l'affiche à Paris en septembre, puis elle rêve de cinéma. «C'est très agréable à jouer. La pièce est au troisième degré, alors on surjoue un peu tout. Commencer par un personnage simple d'esprit me fait moins peur.»

Elle est consciente qu'elle doit faire ses classes et croit que le monde du théâtre lui en offrira l'occasion. «Mon frère me dit toujours que, au hockey, si tu veux apprendre, il ne faut pas que tu joues contre des plus faibles que toi, raconte-t-elle. C'est un peu ça l'idée. Je pense que je vais avoir ça au théâtre.»

Le nouvel album de Natasha St-Pier