Pas de baisse de régime pour Les Cowboys Fringants. Hier, le groupe lançait Que du vent, son huitième album en 16 ans et le premier qu'il a enregistré en pensant d'abord... à la scène.

Samedi, sur son blogue intégré au site officiel des Cowboys Fringants, Jean-François Pauzé a résumé en primeur la ligne directrice de l'album Que du vent: «Faut qu'ça sèye plusse rock que L'esspédission.» La décision, lourde de conséquences, aurait été prise un soir de «cuite monumentale» avec Jérôme Dupras. Deux autres idées avaient été formulées ce soir-là, mais elles tiennent davantage de la vie privée que du projet artistique.

Un an plus tard, Jean-François Pauzé (guitare, composition, texte) précise que l'histoire de la cuite, c'était du théâtre (oui, oui, bien sûr...). L'envie de faire plus «rock», elle, ne s'est toutefois pas évanouie au lendemain de cette cuite qu'il dit maintenant fictive. Que du vent n'a rien d'un disque d'AC/DC, mais est un disque un peu plus lourd que ce à quoi Les Cowboys Fringants ont habitué leurs fans.

L'approche en demi-teinte privilégiée pour L'expédition (2008), que Jean-François Pauzé qualifie de «folk» et de «relaxe», a été remisée au profit d'une manière plus directe. «Notre public veut danser. Nous aussi, on trouvait qu'il était un peu plate. Pendant les premiers shows de la tournée, on trouvait aussi que ça manquait un peu d'énergie.»

Marie-Annick Lépine (violon, arrangements, etc.) ajoute que le groupe n'avait pas besoin de nouvelles ballades, mais de «chansons qui bougent» susceptibles de remplacer en spectacle des morceaux entraînants ou carrément énervés comme Heavy Métal ou La Sainte Paix.

«Pour soutenir cette envie de chansons festives, il était plus naturel de revenir avec plus de guitares et des arrangements vocaux qui auraient quelque chose de fédérateur en spectacle», dit Jérôme Dupras.

Chacun des membres du groupe le confirme à sa manière: Que du vent a été fait pour la scène. On image facilement les foules danser sur ces rythmes sautillants typiques des Cowboys et gueuler joyeusement avec Karl Tremblay les refrains de télé, Comme Joe Dassin ou les «ooh-ooh» poussés entre un couplet et un pont musical.

Que du vent offre en outre quelques titres où Jean-François Pauzé retrouve son bouffon intérieur (Hasbeen) et d'autres où il renoue avec ce ton critique qui lui va comme un gant lorsqu'il est combiné à son regard ironique. Dans Classe moyenne (avec anchois), par exemple, il écrit: «Ça déplore le cynisme ambiant/À l'égard des politiciens/Mais ça parle moins souvent/De leur mépris du citoyen.»

«On retrouve l'air du temps dans ce disque-là», juge Jérôme Dupras, évoquant l'actualité sociale, économique et politique. «J'avais envie de revenir à un côté plus épicé, mais aussi d'ajouter une couche plus ludique. Je ne voulais pas que ce soit trop lourd», précise Jean-François Pauzé.

«Ça faisait un petit bout de temps que ce n'était pas arrivé, dit Karl Tremblay, parlant du mordant qu'il y a dans Que du vent. Mais on ne s'était pas matantisé tant que ça...»